Hap et Leonard (7) : Diable Rouge, de Joe Lansdale

Publié le par Yan

diablerougeSeptième et dernier en date des romans mettant en scène le duo le plus violemment déjanté de l’East Texas, Diable Rouge voit de nouveau Hap et Leonard aux prises avec un tueur dont ils ont tôt fait de s’apercevoir qu’il sème depuis quelques temps un nombre important de cadavres. Embauchés par leur ami détective Marvin pour enquêter sur la mort du fils d’une cliente mécontente du travail de la police, ils mettent en effet une fois encore les pieds dans un drôle de panier de crabes.

Il y a un moment – depuis Bad Chili – que Joe Lansdale a laissé tomber l’arrière-plan social des romans de cette série pour en faire une œuvre de pur divertissement dans laquelle l’intrigue, toujours plus ou moins la même et toujours assez peu crédible, n’est là que pour permettre l’accumulation de scènes d’actions et de répliques amusantes. Un parti pris totalement assumé par l’auteur qui l’exprime même ici à travers une savoureuse réplique au deuxième degré :

« En cours de route, Leonard lança soudain :

-J’ai l’impression d’être dans un polar, mais sans policiers.

-C’est exactement ça ! m’exclamai-je.

Et on se tapa les poings. »

Équivalent littéraire du buddy movie, écrit par un auteur élevé au lait du cinéma de drive-in et des comic books, la série des aventures de Hap et Leonard trouve ici, après l’avoir un peu cherché quelques romans durant, son rythme de croisière. Sans surprise, Diable Rouge voit ainsi défiler tous les passages obligés mis en place dans les livres précédents : quelques ploucs locaux complètement débiles, des scènes de castagne sanglantes, des tueurs implacables, le running gag des couvre-chefs dont Leonard tient à s’affubler, du sexe cru, et des dialogues et descriptions jouant à merveille la partition de l’ironie et l’art de la chute :

« Marvin frappa à la porte et Mme Johnson nous ouvrit au bout d’un temps qui nous parut assez long pour qu’une nouvelle espèce ait eu le temps de se développer à partir d’une cellule unique. On aurait dit qu’on avait aspiré toute sa sève tellement elle était petite et ridée, mais une certaine dureté, dans ses yeux, indiquait que sa vie avait été riche en événements – dont certains avaient même pu être heureux. Sa joue droite été enflée et elle avait une main dans le plâtre. »

Creusant par ailleurs un peu plus les états d’âme d’un Hap toujours un peu gêné aux entournures par la violence dont il fait preuve en compagnie de son acolyte mais sans jamais se départir de son humour, Lansdale livre ici un roman de genre équilibré, certes peu propice à la réflexion de fond ou au lancement d’un débat sociologique, mais percutant et réjouissant.

Joe Lansdale, Diable Rouge (Devil Red, 2011), Denoël, Sueurs Froides, 2013. Traduit par Bernard Blanc.

Du même auteur sur ce blog : Entretien ; Du sang dans la sciure ; Les marécages ; L’arbre à bouteilles ; Le mambo des deux ours ; Bad Chili ; Tape-cul ; Tsunami mexicain ; Vanilla Ride ; Les mécanos de Vénus ; Les enfants de l'eau noire ;    Honky Tonk Samouraïs ;

Publié dans Noir américain

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C
Yes, un excellent opus, ça relance agréablement la série
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Y
<br /> <br /> Tout à fait!<br /> <br /> <br /> <br />