L’ombre du Condor, de James Grady
Ainsi qu’il l’explique dans la préface à la réédition chez Rivages des Six jours du Condor, James Grady avait envisagé plusieurs suites à son premier roman. Mais le succès de l’adaptation cinématographique et de l’interprétation par Robert Redford qui relégua le héros de papier aux oubliettes tua ce projet dans l’œuf. Une seule suite, écrite avant la sortie du film, fut donc publiée.
On retrouve donc dans L’ombre du Condor, Ronald Malcolm, analyste un peu falot d’une agence de renseignement dépendant de la CIA qui, après ses premières mésaventures, vit reclus. Néanmoins, les ressources inespérées dont il a pu faire involontairement preuve ont attiré l’attention. Aussi, lorsqu’un agent est abattu près d’un silo à missiles dans le Montana et que les Soviétiques sont soupçonnés de lancer une opération, Malcolm apparaît comme l’appât idéal.
S’il s’attend un peu plus à ce qui risque de lui arriver, le Condor de Grady se retrouve néanmoins peu ou prou dans la même situation que dans le roman précédent, seul aux prises avec des personnes qui ne lui veulent pas que du bien. Là encore, James Grady déroule plusieurs fils qui, comme de bien entendu, s’emmêlent rapidement. Car entre agences américaines, russes et chinoises jouant des doubles ou triples jeux, les intérêts, alternativement, divergent ou convergent.
Sans grande originalité, ce deuxième roman de James Grady alterne donc les points de vue et s’amuse à égarer un peu le lecteur pour réussir à le surprendre. S’il y arrive relativement bien, on regrette toutefois que la naïveté de Malcolm soit à ce point partagée par le jeune auteur. En particulier, comme dans le premier volume, en ce qui concerne les histoires d’amour aussi peu crédibles qu’utiles à l’histoire.
Gentiment divertissant, porté par quelques passages particulièrement bien réussis (et qui, pour la plupart, ne mettent pas en scène le héros, trop fadasse), L’ombre du Condor a logiquement échappé à toute réédition depuis sa sortie en France au début des années 1980. Daté et souvent maladroit, son intérêt principal réside dans le fait de voir comment James Grady, devenu une pointure des romans politiques et d’espionnage, s’est construit petit à petit. À réserver donc aux curieux et aux adeptes de l’auteur.
James Grady, L’ombre du Condor (Shadow of the Condor, 1975), Belfond, 1979. Rééd. J’ai Lu, 1980. Traduit par Michel Ganstel.
Du même auteur sur ce blog : Les six jours du Condor ; Le fleuve des ténèbres ; Steeltown ; Tonnerre ; Comme une flamme blanche ; La ville des ombres ; Mad Dogs ; Les derniers jours du Condor ;