Comme une flamme blanche, de James Grady

Publié le par Yan

comme une flamme blancheFaron Sears est en quelque sorte devenu le Bill Gates noir malgré un passé trouble qui, dans les années 1970 a conduit en prison le jeune activiste qu’il était alors. Sears n’a pour autant jamais renié ses idéaux politiques et, devenu milliardaire en imposant ses logiciels informatiques et en se jouant des lois antitrusts, il est bien parti pour se présenter à l’élection présidentielle. De quoi intéresser le FBI qui l’a mis sous surveillance et découvre qu’un complot visant à l’assassiner est ourdi par des terroristes que ses agents n’ont pu identifier. Dalton Cole et sa collègue Sallie Pickett sont donc chargé d’infiltrer, avec son accord, l’équipe de Sears afin de découvrir qui veut sa mort et d’arrêter le mystérieux assassin qui doit exécuter le contrat et sème derrière lui des cadavres dans différents États.

Après l’espionnage pur et dur avec Le fleuve des ténèbres ou Tonnerre, James Grady, avec Comme une flamme blanche, pénètre plus avant les coulisses du pouvoir et les dessous de la vie politique washingtonienne.

Bien menée, trépidante, la traque du tueur aux trousses de Faron Sears reste toutefois annexe, le sujet principal du roman de Grady étant bel et bien celui des manœuvres mises en place par Sears et son équipe pour accéder au pouvoir et de la méfiance du pouvoir en place face à ce leader charismatique. Ce faisant, James Grady place au premier plan la question de la collusion entre milieux d’affaires, avocats et politiques ainsi que le jeu de faux-semblants que constitue une course à l’investiture suprême aux États-Unis.

À travers le personnage ambigu de Faron Sears, self made man au passé violent, populiste jetant avec délectation au public des vérités pas toujours bonne à dire ni faciles à entendre, séduisant et inquiétant gourou de l’ère de l’internet entouré de collaborateurs aux passés aussi troubles que le sien, Grady met en lumière la réalité, romancée certes, mais toujours âpre et complexe, du jeu de la politique et de la communication. Et la manière dont cet homme égoïste et flamboyant séduit les agents chargés de le protéger vient encore forcer ce trait tout en complexifiant un peu plus l’intrigue policière au fur et à mesure que les suspects potentiels se multiplient sous le regard brouillé de ceux censés mener l’enquête.

Plus fin que Tonnerre en matière d’action et de romance, aussi complexe que Le fleuve des ténèbres et aussi trépidant que Les six jours du Condor, Comme une flamme blanche est l’un des romans les plus aboutis de James Grady, alliant le divertissement procuré par une partie « thriller » bien menée à l’étude incisive des mœurs washingtoniennes et des tensions raciales qui sous-tendent encore la vie politique américaine.

James Grady, Comme une flamme blanche (White Flame, 1996), Rivages/Thriller, 1998. Rééd. Rivages/Noir, 2002. Traduit par Jean Esch.

Du même auteur sur ce blog : Les six jours du Condor ; L’ombre du Condor ; Le fleuve des ténèbres ; Steeltown ; Tonnerre ; La ville des ombres ; Mad Dogs ; Les derniers jours du Condor ;

Publié dans Noir américain

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