L’agent Seventeen, de John Brownlow

Publié le par Yan

« Ce que je dis c’est que tous ces trucs que tu vois à la télé et au cinéma, les voyages à fond la caisse dans des contrées exotiques dans des voitures de sport voyantes, les fuites par les toits en faisant du parkour pour éviter les rafales d’automatiques, les idylles avec des célébrités glamour aux origines ethniques variées et aux allégeances suspectes, et la suppression à distance avec des armes silencieuses de cibles choisies pour des raisons qui restent opaques jusqu’au troisième acte, quand les méchants réapparaissent en masse pour te botter le cul, rien de tout ça n’existe.
Absolument rien.
Pas même un tout petit peu.
À moins d’être moi.
 »

C’est donc, bien entendu, au volant d’une Bugatti Veyron fonçant sur une autoroute entre Munich et Berlin que l’on rencontre Seventeen. Voilà pour le côté James Bond. Plus tard, on le trouvera guettant une cible des jours durant dans une forêt américaine et essayer d’échapper à ceux qui l’ont embauché et qui veulent dorénavant sa peau. Ça, c’est pour le côté Jason Bourne. Seventeen à un passé, une enfance traumatisante. C’est son côté Dexter Morgan.

Au cœur d’une manipulation qui le dépasse et qui pourrait faire basculer le monde dans une guerre nucléaire, Seventeen est chargé d’éliminer son prédécesseur au poste de meilleur assassin au service d’une agence d’espionnage nébuleuse.

L’agent Seventeen a donc tout de la potentielle série Z piochant dans le répertoire du genre pour offrir un roman d’espionnage bas du front. Autant dire que pour un fan de Lee Child ou Stephen Hunter, ça ressemble sacrément à une belle pochette surprise.

Et oui, tout est là. Un minimum de vraisemblance, des punchlines définitives dignes d’un film d’action des années 80, des courses poursuites, des complots, des bagarres déséquilibrées et un peu de romance mal fichue. Bref, c’est parfait. On lit L’agent Seventeen avec une vraie délectation. On attend le prochain grain de sable dans la machine, le prochain combat avec une arme de fortune, l’arrivée inopinée d’un hélicoptère qui balance des roquettes… On jubile en voyant s’égrener tous les clichés du genre à un rythme qui est – bien entendu – ha-le-tant. On trouve surtout chez John Brownlow, sous ce vernis – une grosse couche tout de même – le second degré que Lee Child a perdu depuis longtemps et c’est le sourire aux lèvres que l’on se laisse entraîner dans cette histoire invraisemblable pour, à la fin, en redemander.

John Brownlow, L’agent Seventeen (Seventeen, 2022), Gallimard, Série Noire, 2023. Traduit par Laurent Boscq. 504 p.

Publié dans Espionnage

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