La faute à pas de chance, de Lee Child

Publié le par Yan

lafauteapasdechance.jpgAncien militaire, Jack Reacher, colosse aux qualités exceptionnelles – tant physiques que mentales – erre à travers les États-Unis depuis qu’il a quitté son unité des renseignements militaires. Mais une ancienne collègue réussit à le joindre. Des huit membres de l’unité, quatre ont disparu dans des circonstances troubles. En réunissant les survivants, Reacher entend bien faire la lumière sur cette affaire et faire payer ceux qui s’en sont pris à ses amis.

Pas besoin de vous faire un dessin, on entre là dans la catégorie des romans de bourrins. Reacher semble avoir été créé dans le seul but de s’attirer des ennuis afin de fracasser un maximum de types venus lui chercher des poux dans la tête et s’y emploie avec application.

C’est fait, dans l’ensemble, avec une absence totale de vraisemblance et à travers une histoire cousue de fil blanc. Reacher est peut-être super intelligent, mais le lecteur à toujours un temps d’avance (à moins que ce ne soit parce que le lecteur est lui-même très intelligent ? On voudrait le croire…) et n’attend finalement qu’une chose : que Reacher s’occupe de mettre de l’ordre, en faisant complètement fi des convenances sociales les plus élémentaires, histoire de se défouler.

Écrit sans fioritures et sans trop de lourdeurs (sinon celles d’une traduction pas toujours de très grande qualité) le roman de Lee Child se laisse lire aisément pour peu que, donc, on ait accepté le postulat de départ : on va lire les aventures d’un type situé quelque part entre le Bruce Willis de Piège de Cristal et Steven Seagal[1]. Une fois que l’on sait à quoi s’attendre, on peut rejeter le roman en bloc ou y prendre un plaisir délicieusement régressif où un brin d’humour vient régulièrement se mêler à la violence :

« […] Les vêtements de O’Donnel étaient éparpillés partout dans la pièce. Son costard à mille dollars avait été arraché à son cintre et piétiné. Ses objets de toilette jetés partout.

La chambre de Dixon était dans le même état. Vide, mais saccagée.

Comme celle de Neagley.

Et de Reacher. Sa brosse à dents pliante était par terre, écrasée d’un coup de talon.

« Les salopards » dit-il. »

On l’aura compris, de notre côté, on a opté pour la deuxième solution, déposant avec plaisir notre cerveau pendant quelques heures. Et on s’est en plus aperçu que Child avait écrit quasiment une quinzaine de romans mettant en scène Reacher. De quoi en faire notre nouveau plaisir coupable pour 2013.

Merci à Philippe Cottet, créateur du site Le Vent Sombre, pour ce conseil de lecture.

Lee Child, La faute à pas de chance (Bad Luck and Trouble, 2007). Éd. Du Seuil, 2010. Rééd. Points Thriller, 2011. Traduit par William Olivier Desmond.

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Du même auteur sur ce blog : Carmen à mort ; 61 heures ; Du fond de l'abîme ; Les caves de la Maison Blanche ; La cause était belle ; Mission confidentielle ; L'espoir fait vivre ; La cible était française ; Bienvenue à Mother's Rest ; Minuit, dernière limite ;

 

 

[1] On apprend, hasard du calendrier, qu’un film mettant en scène Reacher sort en ce moment en salle. Pour incarner le colosse de 1 m 95 pour près de 100 kilos, on a choisi Tom Cruise. Cherchez l’erreur de casting…

Publié dans Noir britannique

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V
"Pour incarner le colosse de 1 m 95 pour près de 100 kilos, on a choisi Tom Cruise. Cherchez l’erreur de casting…"<br /> Aucune erreur de casting, même si sur le papier cela peut sembler étonnant : Tom Cruise incarne très bien Jack Reacher <br /> Une composante du travail d'acteur !
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Y
Oui, le film est sympa. Mais je n'ai toujours pas réussi à me convaincre que le Jack Reacher de Cruise était le même que dans les romans.
C
Je viens de lire le bouquin, bien mieux que le film. Reacher désigne celui qui est assez grand pour atteindre les articles sur le rayon du haut pour les personnes plus petites qui le lui demandent; c'est sa femme qui a dit à Lee Chid qu'avec sa taille, il pourrait toujours faire ça s'il n'arrivait pas à gagner sa vie par l'écriture, et ça reflète bien son héros. Le but revendiqué par l'auteur est de créer un substitut qui nous permet par le biais d'une écriture très subjective, d'entrer littéralement dans la peau d'un justicier qui défonce les méchants sans états d'âme, et je trouve que c'est bien réussi, car, comme lui, j'aime bien dans la fiction que le méchant souffre, et paye, et comme lui aussi, la mode des héros alcooliques qui se font assommer par derrière en entrant dans un appartement dont la porte est entrouverte, ça me soûle. Bien sûr les ficelles sont grosses, mais j'aime bien me sentir plus intelligente que lui et apprendre à la fin que j'avais raison, et j'apprécie beaucoup le style, les phrases sont courtes, les descriptions pertinentes, et je ne déteste pas un brin d'ironie; le premier chapitre du premier roman, killing floor, est carrément jubilatoire, c'est un vrai page turner, qui m'a accaparée pendant deux jours pleins. bref je vais en lire plusieurs.
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Y
Oui, c'est marrant à lire au deuxième degré et Lee Child est plutôt malin. Après, tu verras, la production est assez inégale et tout cela finit par devenir répétitif.
C
C'est vrai que c'est agaçant et que c'est bourrin, mais comme dit Yann, une bonne lecture coupable: Lee Child a créé son héros dans l'idée de permettre au lecteur de jouir par procution: il veut nous mettre dans la peau d' un type fort , expert, et qui tape sur les méchants pour défendre les faibles, par opposition aux divorcés épaves alcooliques qui prennent toujours des coups sur l'arrière de la tête en entrant dans un appartement inconnu dont la porte est entrouverte; son regard subjectif d'expert qui apprécie tout au fur et à mesure que cela arrive est très gratifiant et je prends mon pied tout en m'enervant pa
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B
Pas lu le livre mais vu le film... que je ne recommanderais pas. Contrairement au bouquin visiblement, ça manque bien souvent d'humour et de second degré. Par contre, comme pour le bouquin, le<br /> spectateur a toujours un temps d'avance sur Reacher. Ma théorie : si Reacher apparaît comme tellement intelligent, c'est uniquement parce que ceux qui l'entourent sont tous de parfaits demeurés.
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C
j'ai maintenant lu 3 romans dont les 2 premiers, et je rejoins l'avis de Yan; les ficelles sont tellement grosses que ça m'a énervée, une fois passé l'effet de nouveauté. Notamment le gros méchant qui torture et assassine tout le monde sauf justement le héros et ses proches, et le "bon sang mais c'est bien sûr" qui m'a rappelé Les 5 Dernières Minutes avec le commissaire Bourrel, bien avant que vous n'ayez été conçus..Non seulement les gens autour de lui peuvent apparaître moins malins- question de point de vue-, mais lui même fait preuve de la connerie la mieux partagée au monde: une fois qu'il s'est mis une idée en tête, il écarte tous les indices qui n'entrent pas dans sa théorie; ça le rend plus humain, mais c'est agaçant. .
Y
<br /> <br /> Voilà une théorie qui mérite que l'on s'y arrête!<br /> De mon côté je n'ai pas vu le film et il y a peu de chance que ça arrive. C'est l'effet Tom Cruise.<br /> <br /> <br /> <br />