La cause était belle, Lee Child

Publié le par Yan

lacauseétaitbelleTout est dans le titre et dans des citations comme celle-ci :

« Les soins d’urgence codifiés par les médecins de l’armée dans ce cas-là sont la respiration artificielle et des compressions externes de la poitrine, quatre-vingts à la minute et le temps qu’il faut, mais Reacher avait pour règle personnelle de ne jamais chercher à ressusciter un type qui venait de braquer une arme sur lui. C’était là un principe sur lequel il était même plutôt inflexible. »

On est donc là dans de la pure série B d’action, une sorte d’Agence tout risque littéraire dans laquelle Jack Reacher fait office à la fois, on l'a déjà dit, d’Hannibal Smith, de Barracuda et de Futé (on peut aussi ajouter un zeste de McGyver au passage). Mais s’il aime bien entendu qu’un plan se déroule sans accroc, Jack Reacher, vétéran de la police militaire, a le chic pour s’attirer des ennuis et être là où il ne faut pas être au moment où il ne faut pas y être.

Quelques jours seulement après avoir échappé in extremis à la mort dans ses aventures précédentes (61 heures), on retrouve donc le colosse dans un trou perdu du Nebraska où, au bar de son motel, il rencontre fortuitement le toubib local occupé à s’imbiber méthodiquement. Lorsque le médecin doit se rendre chez une patiente, c’est bien naturellement que Reacher prend le volant. Or la patiente est, de toute évidence, une femme battue. Et Reacher d’expliquer à sa manière au mari sa façon de penser. Ce faisant, il casse donc le nez du fils de la famille qui règne d’une main de fer sur la petite ville et devient dès lors une cible. D’autant plus que les Duncan, ces petits dictateurs des champs de maïs, semblent impliqués dans un drôle de trafic et que Reacher pourrait être un bouc émissaire idéal.

Alors il ne faut pas se voiler la face, on n’est pas là face à de la grande littérature. Lee Child ne fera vraisemblablement jamais son entrée dans la Pléiade et, même en ces temps troublés, les chances de voir ses textes intégrer les manuels scolaires sont minimes. L’écriture n’a rien d’exceptionnel mais reste des plus acceptables malgré quelques problèmes de traduction (on peut se demander si le français est la langue maternelle du traducteur), l’intrigue est invraisemblable, mais l’on s’amuse. Et l’on s’amuse d’autant plus que Lee Child sait jouer du deuxième degré, sait jusqu’où il peut se permettre de prendre ou pas Reacher au sérieux.

Cela fait de ce nouveau volume un honnête divertissement, un exutoire plaisant même s’il tend  à tirer sur quelques ficelles un peu tendancieuses (en particulier concernant la justice expéditive, mais cela fait plus ou moins partie des règles du genre), un moment de lecture à caler un jour de pluie ou sur la plage, quand on n’a pas envie de réfléchir et que l’on veut pouvoir cesser la lecture n’importe quand sans perdre le fil. Idéal pour qui veut mettre ses méninges en vacances.

Lee Child, La cause était belle (Worth Dying For, 2010), Calmann-Lévy, coll. Robert Pépin présente, 2014. Traduit par William Olivier Desmond.

Du même auteur sur ce blog : La faute à pas de chance ; Carmen à mort  ; Du fond de l'abîme  ; 61 heures ; Les caves de la Maison Blanche ; Mission confidentielle ; L'espoir fait vivre ; La cible était française ; Bienvenue à Mother's Rest ; Minuit, dernière limite ;

Publié dans Noir britannique

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U
yes et reyes, mon repose cerveau avec s hunter
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Y
<br /> <br /> Ça fait du bien parfois.<br /> <br /> <br /> <br />