Du fond de l’abîme, de Lee Child

Publié le par Yan

dufonddelabîmeRien de mieux pour aborder la rentrée qu’un roman que l’on qualifiera pudiquement de « reposant ». Dans ces cas-là, Lee Child devrait faire l’affaire. Après avoir découvert Jack Reacher il y a quelques mois, nous procédons à un retour en arrière en lisant sa toute première aventure, en date de 1997.

C’est donc cette année-là que la poisse a commencé à s’abattre sur l’ancien officier de la police militaire qui vagabonde à travers les États-Unis. Pour la première fois – qui est donc loin d’être la dernière – le hasard se met à jouer contre Reacher. Margrave est la première d’une longue série de petites villes dans lesquelles le héros de Lee Child débarque au mauvais moment. Ici, c’est parce que la veille de son arrivée un meurtre a eu lieu et que Jack Reacher correspond à la description d’un suspect. Après un court passage en prison, il finit par faire de cette histoire une affaire personnelle dans une ville écrasée sous le poids de la corruption. Pour ceux qui en douteraient encore, ça va saigner.

C’est en fait à une première ébauche de Jack Reacher que l’on a affaire ici. Les grands traits sont déjà là : un physique hors-normes qui lui permet de se débarrasser de n’importe quel mastard qui voudrait s’en prendre à son intégrité physique, un sens aigu de la déduction et une opiniâtreté qui confine parfois à l’entêtement. Pour autant Child n’a pas encore fait de son héros le monolithe caricatural qu’il va devenir. D’ailleurs le choix fait ici d’un récit à la première personne qui plonge le lecteur dans les pensées de Reacher fait ressortir une personnalité hantée par une certaine culpabilité, ouverte aux autres, moins sûre d’elle qu’elle peut paraître et prête à une histoire d’amour durable. Ce Jack Reacher dont on ne s’étonnerait pas qu’il finisse par surfer sur Meetic ou Adopteunmec.com n’est pas vraiment celui que l’on a découvert dans les volumes suivants et le moins que l’on puisse dire est que cette première aventure manque cruellement du second degré dans lequel baignent d’autres romans de la série.

Pour autant, Lee Child n’en crée pas moins une intrigue accrocheuse qui sait retenir notre attention à la manière d’un épisode de L’Agence Tous Risques ou de L’Homme qui tombe à pic. Ça n’est donc pas vraiment transcendant, ni même très bien fichu, mais cela permet à votre cerveau de prendre le repos dont il a besoin. Loin d’être une lecture indispensable, Du fond de l’abîme est en tout cas une intéressante petite curiosité pour les amateurs de Jack Reacher ou pour ceux qui n’auraient rien d’autre à lire.

Lee Child, Du fond de l’abîme (Killing Floor, 1997), Ramsay, 1997. Rééd. Le Livre de Poche, 1999. Traduit par André Roche.

Du même auteur sur ce blog : La faute à pas de chance ; Carmen à mort ; 61 heures ; Les caves de la Maison Blanche ; La cause était belle ; Mission confidentielle ; L'espoir fait vivre ; La cible était française ; Bienvenue à Mother's Rest ; Minuit, dernière limite ;

Publié dans Noir britannique

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