Les caves de la Maison Blanche, de Lee Child
Comme son titre l’indique, cette aventure déjà ancienne (la deuxième en fait) de Jack Reacher évoque vaguement la Maison Blanche mais, par contre, jamais ses caves. Ça commence bien.
En fait, commencée à Chicago où Jack Reacher, toujours poursuivi par une poisse tenace se fait enlever en même temps qu’une femme agent du FBI, elle se poursuit dans le Montana où les ravisseurs, membres d’une milice d’extrême-droite déterminée à faire sécession avec les États-Unis, sont réfugiés.
Il y a là tous les ingrédients nécessaires à une aventure de Jack Reacher : des méchants terroristes, une femme séduisante et intelligente qui ne peut que tomber sous le charme du héros, des objets du quotidien susceptibles de devenir des armes mortelles et plusieurs concours de « qui pisse le plus loin ? » invariablement remportés par Reacher.
Et pourtant, ça ne fonctionne pas. Passé un début sur les chapeaux de roues, Lee Child patauge, s’embourbe dans son histoire encore plus inconcevable que de coutume. Bien entendu, ça n’est pas pour sa crédibilité que l’on lit un roman de Lee Child, mais essentiellement pour voir Reacher coller des branlées monumentales à des gros méchants, me direz-vous. C’est un fait. Mais là, Child en fait un peu trop, dépasse la limite entre le gros roman bourrin qui fait rire et détend et le gros roman bourrin long et ennuyeux à force de répétition.
Bref, pour tout dire, même sur l’échelle de qualité propre aux romans de Jack Reacher, Les caves de la Maison Blanche apparait comme un roman médiocre, usant, et d’une lourdeur incomparable. C’est bien simple, les éditions Pocket n’ont même pas réussi à dénicher un blurb convenable en quatrième de couverture alors que Connelly, Ellroy ou Stephen King en vendent habituellement au kilo pour n’importe quelle daube, et elles ont dû se rabattre sur un extrait édifiant d’une critique du New York Times : « Fascinant. » Tout porte à croire que cette citation est tronquée et l’on se plaît à imaginer les mots qui doivent normalement la suivre : « Fascinant de connerie. », « Fascinant de voir, après les calendriers peints avec la bouche un roman entier écrit avec un pied gauche. », « Fascinant de voir le flegme avec lequel le britannique Lee Child s’enfonce irrémédiablement dans les limbes de son intrigue vaseuse. » Etc.
Devenu introuvable comme d’autres romans de Lee Child, Les caves de la Maison Blanche se négocie cher sur les sites de livres d’occasion. Un seul conseil : gardez votre argent pour des choses plus sérieuses ; dites-vous qu’à ce prix là vous pouvez acheter deux ou trois exemplaires du Codex Déus.
Lee Child, Les caves de la Maison Blanche (Die Trying, 1998), Ramsay, 2001. Rééd. Pocket, 2005. Traduit par André Roche.
Du même auteur sur ce blog : La faute à pas de chance ; Carmen à mort ; 61 heures ; Du fond de l’abîme ; La cause était belle ; Mission confidentielle ; L'espoir fait vivre ; La cible était française ; Bienvenue à Mother's Rest ; Minuit, dernière limite ;