Les ombres de Bombay, d’Abir Mukherjee
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Les revoilà. Et c’est avec un plaisir non dissimulé que l’on retrouve le sergent Banerjee et le capitaine Wyndham quelques mois après que ce dernier a effectué sa cure de sevrage d’opium.
Cette fois, c’est au tour de Banerjee d’être au centre de l’histoire. Alors que les tensions ne cessent de monter entre les communautés hindou et musulmane, le policier indien est accusé du meurtre d’un intellectuel hindou dans un quartier musulman de Calcutta. Non seulement Banerjee risque sa peau mais, de plus, c’est le pays entier qui risque de basculer dans la violence intercommunautaire. Et c’est à Bombay que les deux policiers devront tenter de trouver une solution pour disculper Banerjee et éviter une guerre civile.
On ne peut qu’admirer la capacité d’Abir Mukherjee à maintenir la grande qualité de sa série de roman en roman. Cela tient bien entendu à un contexte historique plutôt peu abordé en règle générale – à tout le moins chez nous –, à des personnages attachants, complexes, et qui ne cessent d’évoluer, de changer, mais aussi à la manière dont l’auteur arrive toujours à changer la façon dont il raconte son histoire. Après une sorte de whodunit à la Agatha Christie centré sur Wyndham dans le volume précédent, on a droit ici à une alternance de points de vue à la première personne entre Wyndham et Banerjee qui offre un rythme qui tient autant du polar que du roman d’aventure à grand renfort de poursuites en voiture, en train, en bateau et même d’un voyage en avion un peu particulier.
Bref, Abir Mukherjee ne cesse de changer sa manière d’aborder les histoires de ces deux héros pour que rien ne change : le plaisir est toujours intact, sans cesse renouveler, le fond historique est passionnant et l’on s’attache de plus en plus à des personnages qui, entrainés dans les remous de la grande histoire, gagnent toujours plus en épaisseur. Banerjee, longtemps auxiliaire de Whyndam, s’émancipe toujours un peu plus et devient moins le second du capitaine que son véritable partenaire.
Si vous n’avez pas encore découvert cette série, il est encore temps, si vous avez lu les volumes précédents et pas encore celui-ci, foncez.
Abir Mukherjee, Les ombres de Bombay (The Shadows Of Men, 2019), Liana Levi, 2024. Traduit par Emmanuelle et Philippe Aronson. 367 p.
Du même auteur sur ce blog : L’attaque du Calcutta-Darjeeling ; Les princes de Sambalpur ; Avec la permission de Gandhi ; Le soleil rouge de l’Assam ;