19500 dollars la tonne, de Jean-Hugues Oppel

Publié le par Yan

Quand la politique se fait non plus dans les couloirs feutrés des divers palais d’états mais dans entre les néons des salles de trading et les mines de métaux ou les gisements de terres rares de pays sous-développés, quand les valeurs boursières prennent le pas sur les valeurs humanistes, les femmes comme Lucy Chan, analyste à la CIA et les hommes comme Falcon, assassin professionnel, ou Leonard Parker, trader haute fréquence, font et défont le monde. Pourtant, les courriers de Mister K qui atterrissent dans les boîtes mail des traders de la City malgré les pare-feu et qui décryptent et dénoncent les dessous peu reluisants de la finance, inquiètent. Il devient nécessaire pour tout le monde de mettre la main sur le pirate et, éventuellement, de le faire taire.

C’est avec un plaisir non dissimulé que l’on retrouve Jean-Hugues Oppel quatre ans après Vostok. Certes, ni la thématique ni la structure de ce nouveau roman ne surprendront les habitués de l’auteur – on pense assez souvent à son French tabloïds – mais on se délecte de la manière dont il joue avec les données boursières, les extraits de dépêches secrètes, les moments d’action pas dépourvus d’humour et les changements de tableaux d’un chapitre à l’autre.

Sans bouleverser le genre ni certainement écrire une œuvre inoubliable, Oppel offre avec 19500 dollars la tonne, un roman engagé, instructif, rythmé et malin qui tient autant de la littérature de gare de qualité – ça existe et c’est malheureusement de plus en plus rare – qui se lit le temps d’un trajet en train que du manifeste qui évite avec intelligence d’être lénifiant.

On en sort un peu plus édifié et satisfait par un agréable moment de lecture.

Jean-Hugues Oppel, 19500 dollars la tonne, La Manufacture de Livres, 2017. 251 p.

Du même auteur sur ce blog : Vostok ; La déposition du tireur caché ;

Publié dans Noir français, Espionnage

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