Effet de Manchette : La déposition du tireur caché, de Jean-Hugues Oppel
Le commissaire Gouanaud aurait bien voulu rentrer chez lui pour regarder un match de foot à la télévision mais, au moment de quitter la Préfecture de Police, il reçoit un courrier. À l’intérieur, une lettre, un dossier et un CD. Ces documents constituent la déposition du tueur à gages qui a éliminé l’homme d’affaires Jean-Pierre Duchesnes. Trahi par ses employeurs, ce professionnel a décidé de mettre le commissaire sur leur piste en lui envoyant cette longue déposition dans laquelle il révèle les rouages d’une affaire d’État autant que les exigences de son métier.
C’est donc à un long monologue que nous sommes confrontés dans ce court roman d’une centaine de pages. Un monologue qui se lit sans déplaisir sans pour autant nous emporter. On sourit bien entendu à cette lecture dans laquelle Jean-Hugues Oppel fait passer son humour pince-sans-rire et des hommages plus ou moins appuyés à Jean-Patrick Manchette et à sa Position du tireur couché (« C’était l’hiver et il faisait nuit… Vous vous rappelez, commissaire ? Comme arrivant directement de l’Arctique, des rafales de vent glacé balayaient le paysage […] »).
On retrouve aussi, donc, un des thèmes de prédilection de Jean-Hugues Oppel, les affaires d’État, les conspirations. Mais on est bien loin de French tabloïds ou de Réveillez le Président ! La contrainte du format de la collection Suite Noire, qui arrive souvent à aboutir à des romans courts et efficaces, apparaît ici comme un handicap, et l’on a finalement l’impression d’avoir lu seulement une partie de livre.
En fin de compte, bien que divertissant, La déposition du tireur caché, ressemble plus à une bande-annonce qu’à un roman terminé. On reste donc sur notre faim.
Jean-Hugues Oppel, La déposition du tireur caché, Éditions La Branche, collection Suite Noire, n° 8, 2006.
Du même auteur sur ce blog : Vostok ; 19500 dollars la tonne ;