Hot Springs, de Stephen Hunter

Publié le par Yan

Certes, nous sommes en pleine rentrée littéraire de janvier, mais rien ne nous oblige à lire uniquement des nouveautés, ni même des livres intelligents, d’ailleurs, ou des livres encore disponibles en librairie.

Bref, parlons de Hot Springs, du génial Stephen Hunter dont on a déjà tout le bien que l’on pensait de ses livres qui ont su se débarrasser de tout problème de cohérence, d’humour et de second degré au profit de récits d’action bien bourrins ponctués de tellement de clichés que cela en devient réellement amusant.

Avec Hot Springs, on retrouve la série consacrée à Earl Swagger (souvenez-vous le formidable Sept contre Thebes). Héros de la guerre du Pacifique, Earl vient tout juste d’être décoré par Harry Truman qu’il est recruté par le procureur de Hot Springs pour monter une équipe de policiers chargés de lutter contre le crime organisé qui a fait main basse sur la ville. Car Hot Springs, ville thermale, est aussi une ville de casinos et de lupanars. C’est un peu les Incorruptibles en Arkansas que nous propose Stephen Hunter. L’Arkansas, justement, c’est là d’où vient Earl, là qu’un drame a eu lieu, là que sont enterrés son frère bien aimé et son père auquel il voue une haine que même la mort n’a pas su éteindre. Et si, en fin de compte, sa mission à Hot Springs était pour Earl un moyen de rompre avec ce passé et avec ses mauvaises habitudes ? Car Earl boit comme un trou.

Le voilà donc de retour, bien décidé à abattre la pègre et à boire du Coca Cola.

N’ayons pas peur des mots, il y a une forme de génie chez Stephen Hunter. Ça n’est pas rien d’arriver en racontant toujours la même histoire, en utilisant les mêmes clichés, à susciter l’enthousiasme du lecteur. C’est que Hunter sait construire une histoire de manière à créer un vrai suspense. C’est le cas ici, même si, il faut être honnête, cela tient en partie en ce qui me concerne au mauvais esprit du lecteur que je suis : oui, on veut savoir comment Earl va réussir à contrer le (très) méchant Owney Maddox, parrain de la pègre locale, et ses encore plus méchants hommes de main, mais on veut aussi savoir quel nouveau lieu commun – potentiellement un peu raciste ou homophobe – il va nous servir. Et, de fait, il arrive toujours à nous surprendre. On n’est déçu ni par le jeune flic dont l’ambition le pousse à la trahison, ni par le terrible secret du père d’Earl (je vous le donne dans le mille, ça a justement à voir avec les clichés un peu racistes et homophobes). Autant dire que lorsqu’on est embarqué dans ce pavé de plus de 550 pages, on ne voit plus le temps passer. Idéal pour les longues journées de pluie ou, tout simplement, quand on en a assez de réfléchir.

Merci à Jacques de m’avoir dégotté cet exemplaire.

Stephen Hunter, Hot Springs (Hot Springs, 2000), Murder Inc, 2003. Traduit par Elisabeth Luc. 562 p.

Du même auteur sur ce blog : Shooter, Le 47e samouraï ; Le sniper ; Sept contre Thebes ;

Publié dans Noir américain

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