Le sniper, de Stephen Hunter
Fidèle au rendez-vous pour la troisième année consécutive, Folio Policier nous offre notre aventure estivale de Bob Lee Swagger, le sniper retraité qui aime la loi et l’ordre et ne supporte pas les bobos pacifistes et encore moins les anciens hippies comme vient le confirmer cette enquête.
En effet, quand quatre figures activistes des années 1970 se font descendre en l’espace de quelques jours, Swagger ouvrirait bien une bouteille de bourbon s’il n’avait pas arrêté de boire. Mais quand il s’aperçoit que le coupable désigné, Carl Hitchcock, est un ancien sniper héros du Viêtnam et qu’il aurait en fait été victime d’une manipulation, Bob Lee a tôt fait de se lancer dans une de ces missions clandestines dont il a le secret afin de rendre justice. De manière expéditive si possible.
Intrigue tirée par les cheveux, amitiés viriles, dialogues caricaturaux et, bien entendu, des types qui se font descendre. Tous les ingrédients d’un roman de Stephen Hunter sont là, et à forte dose qui plus est. Cela pourra en agacer quelques-uns, surtout s’ils cherchent à gratter un peu pour y trouver un message politique ou social. De fait celui est assez facile à trouver : les pacifistes sont des traitres, les soldats américains des héros et les ploucs du Middle West sont plus intelligents et roublards qu’ils ne le paraissent de prime abord.
C’est là-dessus que joue Hunter, en poussant ce raisonnement jusqu’à la caricature pour écrire un roman décomplexé où ce qui compte avant tout est de trouver un prétexte pour utiliser un vocabulaire un peu abscons mais qui en jette à propos des armes et de l’art de tirer sur une cible située à 1500 mètres, et pour se livrer à un jeu de massacre contre des méchants très méchants en entrecoupant le tout de dialogues tirés de séries B.
Comme pour les volumes précédents, le lecteur qui accepte ce postulat selon lequel Bob Lee Swagger n’est là que pour offrir une action complètement échevelée, des cascades, des explosions et des duels passera un excellent moment entrecoupé de quelques crises de rire tant la caricature est parfois poussée. Quand bien même on pourrait douter de la réelle capacité de Stephen Hunter à jouer la partition du second degré, il faut bien admettre que cette façon de fourrer dans un roman tous les poncifs de la série américaine testostéronée a quelque chose de fascinant et représente un bel exutoire pour le lecteur qui a envie de ne pas réfléchir quelques centaines de pages durant.
Bref, c’est beau comme un film de Steven Seagal ou de Jean-Claude Van Damme… ou même de Chuck Norris. Bas du front mais tellement jouissif dans son outrance.
Stephen Hunter, Le sniper (I, Sniper, 2009), Éditions du Rocher, 2012. Rééd. Folio Policier, 2014. Traduit par Élisabeth Luc.
Du même auteur sur ce blog : Shooter ; Le 47ème samouraï ; Sept contre Thebes ; Hot Springs ;