Le 47e samouraï, de Stephen Hunter
Bob Lee Swagger, héros de la guerre du Vietnam, fils d’un héros de la Seconde guerre mondiale, est contacté par Philip Yano, fils d’un autre héros de guerre, japonais lui, à la recherche du sabre de son père tué par le père de Swagger pendant la bataille d’Iwo Jima (vous suivez ? Sinon ce n’est pas bien grave). Après avoir retrouvé le sabre en question Bob Lee Swagger se rend au Japon pour le restituer à Yano avec lequel il tisse une relation d’amitié fondée sur un profond respect mutuel. Mais le sabre se révèle rapidement être un objet rare et convoité et Yano et sa famille sont assassinés et l’arme subtilisée par des yakusas. Évidemment, Swagger ne compte pas en rester là et entend bien venger son ami.
La lecture de Shooter, du même auteur, avec le même héros, nous faisait dire que l’on avait affaire à du bon gros roman d’action décérébré. Celle du 47e samouraï vient confirmer cette impression. Stephen Hunter laisse peu de place au second degré et campe avec Swagger un personnage monolithique, un soldat mû par le sens du devoir, une morale rigoureuse et un esprit parfaitement américain de shérif redresseur de torts. Bref, Hunter est à la littérature ce que Renny Harlin est au cinéma, un réalisateur qui a décidé de faire efficace sans trop s’encombrer de morale (en dehors d’un vernis destiné à montrer que ses personnages ont des sentiments et qu’ils sont bons ou méchants), de réflexion ou même de crédibilité.
On ne s’avancera pas sur la réalité ou pas de ce qu’avance l’auteur sur les mœurs japonaises ou l’art de manier le sabre mais on doutera tout même un peu du fait qu’un sexagénaire qui n’a jamais tenu un sabre, fut-il un vaillant guerrier, apprenne en une semaine à battre les meilleurs kendokas nippons… mais cela a finalement peu d’importance car ce n’est pas ce que l’on demande à Stephen Hunter. Lire un roman de Stephen Hunter – ou de Lee Child – c’est comme regarder un film d’Harlin ou McTiernan : on n’attend ni crédibilité ni étude sociologique, mais de la castagne et quelques répliques bien senties avec plus ou moins d’humour à un degré plus ou moins – mais quand même surtout moins – élevé.
Et donc, cela fonctionne plutôt bien pourvu que l’on ait intégré et accepté le postulat selon lequel on est là pour lire un livre popcorn. Hunter fait bien son boulot, sait raconter une histoire incroyable et mettre en place des éléments d’intrigue qui s’articulent bien jusqu’au terrible combat final chargé d’hémoglobine et de vengeance aveugle. Pour peu que ce soit ce que l’on cherche, parce qu’il est vrai que cela fait parfois du bien de voir Bruce Willis dans un immeuble descendre tout un tas de méchant en criant « Yippee-ki-yay ! » ou Bob Lee Swagger découper des yakusas en les traitant de tas de merde, on passe un moment agréablement régressif.
Stephen Hunter, Le 47e samouraï (The 47th Samurai, 2007), Éd. Du Rocher, 2008. Rééd. Folio Policier, 2013. Traduit par Guy Abadia.
Du même auteur sur ce blog : Shooter ; Le sniper ; Sept contre Thebes ; Hot Springs ;