Hap et Leonard (5) : Tsunami mexicain, de Joe Lansdale
C’est encore sur un combat épique que s’ouvre cette nouvelle aventure d’Hap Collins et Leonard Pine. Sauf que cette fois, ce n’est pas à un écureuil qu’a affaire Hap, mais à un type bourré de drogue et proche de l’invulnérabilité. De ce combat, Hap ressort avec l’occasion de prendre quelques vacances et décide partir avec son pote Leonard pour une croisière dans le golfe du Mexique. Mais, bien entendu, la grande gueule de Leonard leur attire quelques inimitiés et, par rebond, les deux compères finissent par échouer dans un patelin mexicain où, une fois de plus, ils attirent les problèmes.
On avait souvenir, quelques années après une première lecture, d’un épisode décevant. Un constat que vient confirmer en partie cette deuxième lecture. De fait, Tsunami mexicain commence plutôt bien. Certes, on n’est pas franchement surpris par ce qui se passe, mais on apprécie de retrouver les deux héros de Joe Lansdale et leurs amis ainsi que le plume ironique et crue de l’auteur :
« -Tu m’as manqué, dis-je.
-T’es sûr que c’est pas ce que j’ai entre les jambes qui t’as manqué ?
Brett était comme ça, vulgaire jusqu’au bout des ongles. Avoir jadis été sacrée Miss Patate Douce de son lycée, à Gilmer, ne lui était pas monté à la tête. »
Pour reprendre une comparaison éculée mais qui veut bien dire ce que l’on ressent, lire une nouvelle aventure d’Hap et Leonard, c’est un peu comme enfiler une bonne vieille paire de pantoufles. C’est confortable, pas forcément très beau, mais on y est bien. En tout cas jusqu’à la fin de la croisière catastrophique des deux Texans.
Après quelques épisodes rocambolesques, Joe Lansdale semble assez vite un peu perdu. Et l’on a l’impression qu’il fait trainer certaines situations en longueur, en laisse tomber d’autres et, surtout, ne sait pas toujours où il va. Il en ressort une suite de scènes intéressantes prises à part mais dont les liens semblent parfois artificiels. Tant et si bien que, plus on avance dans le roman, plus le plaisir s’émousse. Certes, on rigole toujours aux dialogues cyniques et grossiers des personnages, aux descriptions imagées, mais on peine a s’intéresser au fond de l’intrigue, trop étiré, haché… manquant singulièrement d’épaisseur.
Tsunami mexicain apparaît finalement comme le gros creux, le coup de mou, dans les aventures d’Hap et Leonard et l’on ne peut s’étonner de constater qu’après cela, la Série Noire ait cessé de publier Lansdale même si l’on est en droit de le regretter. Un volume à réserver aux inconditionnels.
Joe Lansdale, Tsunami mexicain (Captains Outrageous, 2001), Gallimard, Série Noire, 2007. Rééd. Folio Policier, 2013. Traduit par Bernard Blanc.
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