Sansalina, de Nicolas Jaillet

Publié le par Yan

Sansalina1927. Dolores a réalisé son rêve d’ouvrir une bibliothèque à Chazcùn, Mexique. C’est là qu’elle se trouve lorsque deux hommes débarquent en ville. L’un meurt sous les balles d’un mystérieux groupe d’assassins et la bibliothèque est incendiée. L’autre enlève Dolores. Son objectif : l’amener à Sansalina où Don Pablo Zorfi, l’homme qui règne en maître sur tous les trafics, est en pleine dépression. Seule, peut-être, la présence de Dolores dont il était amoureux enfant pourrait lui redonner goût à la vie et l’empêcher de sombrer dans la folie.

Roman prenant pied dans un Mexique onirique qui tient plus de la production à la Sergio Leone que de la description réaliste, Sansalina, sous le couvert de l’histoire de l’ascension d’un enfant des rues devenu le boss d’une équipe de gangster et le maître de la ville, est avant tout un conte cruel et édifiant. En effet, si les poncifs du roman noir – ou plutôt du film noir – sont bien là, rappelant notamment Il était une fois en Amérique ou Scarface, ce sont bien les ressorts du conte que l’on trouve dans ce livre. Du passage de Pablo chez le cruel exploiteur d’enfants qui l’a acheté à ses parents jusqu’à la folie inhérente au pouvoir qu’il a gagné par la violence, en passant par l’étrange voyage de Dolores en direction de Sansalina, on  se trouvera autant chez Leone que chez les frères Grimm.

Violent mais aussi éminemment moral sous un couvert ambigu, Sansalina parle de l’importance de la culture, de la violence d’un monde qui abandonne cette dernière, du prix à payer pour obtenir le pouvoir et de la manière dont il corrompt les idéaux. Ainsi en va-t-il de ce gang des Buenhombres aux valeurs certes tordues qui entend faire tomber les tyrans régnant sur la ville pour prendre leur place et protéger les plus faibles mais qui, en fin de compte, useront des mêmes moyens pour rester en place.

Atypique et séduisant, ce roman de Nicolas Jaillet mérite que l’on s’y attarde et démontre s’il en était besoin qu’il est possible en France de faire une réellement bonne et noire littérature de l’imaginaire.

Nicolas Jaillet, Sansalina, Éditions Après la lune, 2007. Rééd. Folio Policier, 2010

Publié dans Noir français

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