Thriller poisseux : Les marécages, de Joe Lansdale
Début des années 1930, Pearl Creek, East Texas. Dans cette petite bourgade isolée, au bord de la Sabine River, Harry, 11 ans, et sa sœur découvre le cadavre mutilé d’une noire accroché à un arbre. Dans une ville si petite et tranquille qu’elle n’a pas de sheriff, c’est le père de Harry, coiffeur, qui tient le rôle de constable. Et il est bien le seul, alors que le Klan tient la région, à tenter de trouver l’assassin. Harry pense qu’il pourrait s’agir du légendaire Homme-Chèvre, ou peut-être même du Diable lui-même. Et les meurtres continuent. Quand c’est au tour d’une blanche d’être tuée, un noir est rapidement lynché. Mais le tueur continue de sévir…
J’ai déjà dit tout le bien que je pensais de Joe Lansdale, mais il n’est jamais inutile de revenir sur les livres que l’on a aimé. C’est le cas des Marécages. On trouve dans ce roman tout ce qui fait le charme des ouvrages que Lansdale écrit à côté de sa série consacrée à Hap Collins et Leonard Pine : description sensible de la région qu’aime et où vit l’auteur, talent de conteur, fraîcheur du ton et histoire ténébreuse. Comme presque toujours, cela se passe donc dans l’East Texas, cette région pauvre et marécageuse du Sud-Est des États-Unis. Joe Lansdale mêle avec brio le récit de souvenirs d’enfance et l’histoire de serial killer. Vue à travers le regard candide de Harry, ce fait divers glauque prend une dimension quasi-surnaturelle qui rend l’ambiance de ce livre si particulière.
Certes le lecteur devrait trouver avant Harry le nom du coupable. C’est là sans doute volontaire de la part de l’auteur. Dès lors le suspense tient à cela : « Mais quand va-t-il donc s’apercevoir que c’est lui ? Cela ne lui sera-t-il pas fatal ? ». Jusqu’à un final par une nuit de pleine lune digne de La nuit du chasseur.
Les marécages est certainement le meilleur livre de Joe Lansdale, un voyage vers le passé, vers l’enfance et vers les ténèbres.
Joe Lansdale, Les marécages, Murder Inc., 2002, traduit par Joe Sandri. Rééd. Folio Policier, 2006, traduit par Bernard Blanc.
Du même auteur sur ce blog : Entretien ; Du sang dans la sciure ; Les aventures de Hap Collins et Leonard Pine ; L'arbre à bouteilles ; Le mambo des deux ours ; Bad Chili ; Tape-cul ; Tsunami mexicain ; Vanilla Ride ; Diable Rouge ; Les mécanos de Vénus ; Les enfants de l'eau noire ; Honky Tonk Samouraïs ;