Hap et Leonard (8) : Honky Tonk Samouraïs, de Joe Lansdale

Publié le par Yan

Depuis Diable rouge, paru en France en 2013, on attendait la suite des aventures de Hap Collins et Leonard Pine. Cinq ans c’est long, et pour une fois ce n’est pas la faute au retard à la traduction d’un éditeur français, puisque Lansdale a réellement attendu cinq ans avant de remettre en scène son duo de texans. On en attendait donc beaucoup et certainement un peu trop.

On retrouve donc Hap et Leonard là où l’auteur les avait laissés à la fin du précédent roman de la série, c’est-à-dire en train de faire pas grand-chose si ce n’est s’attirer les ennuis. En l’occurrence, ceux-ci arrivent à l’occasion du passage à tabac par Leonard d’un type qui battait son chien et alors que Brett, la compagne de Hap vient de reprendre l’agence de détectives de leur ami Marvin. Si ce dernier à repris la direction des forces de police de la ville et est prêt à couvrir Leonard, il n’en va pas de même d’un témoin de la scène, une vieille dame acariâtre qui a tout filmé et menace de diffuser la vidéo si Hap et Leonard ne se mettent pas à la recherche de sa petite-fille disparue quelques années auparavant, alors qu’elle travaillait pour un marchand de voitures d’occasion.

On s’en doute, tout va vite partir en sucette et, derrière la disparition de la jeune femme, c’est quelque chose de bien plus gros qui se cache. Un peu trop gros pour être crédible, d’ailleurs, en particulier lorsqu’entrent en scène une famille de tueurs dégénérés dont on peu regretter que Joe Lansdale ne les exploite pas à fond : quitte à faire dans la série B et à jouer avec les clichés, il aurait sans doute pu aller plus loin que ce qu’il fait, jouer vraiment la carte de l’humour et de la violence comme il sait généralement le faire. Cette impression que l’auteur s’en tient à un plan un peu paresseux est tenace et on a la sensation que là où, dans Tape-cul ou Vanilla Ride par exemple, il assumait les incohérences pour privilégier l’action, les scènes loufoques et les dialogues hilarants, il se contente de fournir là un service minimum.

Si on ne s’ennuie pas, si l’on sourit souvent et que l’on se laisse régulièrement entrainer dans quelques scènes d’actions bien fichues, on a donc le sentiment que Joe Lansdale a collé dans Honky Tonk Samouraïs tous les ingrédients de sa recette habituelle mais que, faute de les cuisiner, il n’en a fait qu’un amalgame sans grande saveur. Vite lu et assez vite oublié, espérons que ce roman ne soit qu’un accident de parcours comme en son temps Tsunami mexicain.

Joe Lansdale, Honky Tonk Samouraïs (Honky Tonk Samurai, 2016), Denoël, Sueurs froides, 2018. Traduit par Frédéric Brument, 414 p.

Du même auteur sur ce blog : Du sang dans la sciure ; Les marécages ; L’arbre à bouteilles ; Le mambo des deux ours ; Bad Chili ; Tape-cul ; Tsunami mexicain ; Vanilla Ride Diable Rouge ; Les mécanos de Vénus ; Les enfants de l’eau noire ;

Publié dans Noir américain

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