Mémoires d’un bison, d’Oscar Zeta Acosta

Publié le par Yan

mémoiresdunbison« […] depuis que ce sale gros Latino a disparu, la vie me paraît bien moins délirante » écrit Hunter S. Thompson dans la préface à ces Mémoires d’un bison. C’est qu’Oscar Zeta Acosta était un sacré spécimen. Complexé par son poids (excessif) et la taille de son sexe (modeste), rongé par les ulcères, celui qui se présente comme le Bison brun, raconte ici sa vie en prenant pour point de départ le jour de sa libération, ce 1er juillet 1967 où il décide d’envoyer balader son travail d’avocat pour l’assistance juridique réservée aux plus pauvres habitants d’Oakland ; un travail qu’il prend tellement à cœur qu’il se sent incapable de le faire et qu’il nourrit son ulcère.

À partir de là, engagé dans une quête initiatique sous mescaline, amphétamines et alcool qui le mènera jusqu’au Mexique de ses origines, Acosta raconte son enfance, sa jeunesse, ses amours constamment déçues, la profonde mélancolie qui l’habite et côtoie malgré tout une innocence qui confine à un indéfectible optimisme, cette folie qui le pousse dans les entreprises les plus hasardeuses et audacieuses.

Fait d’aller-retour entre l’enfance et l’adolescence dans le quartier mexicain de Riverbank, Californie, et cette fin hallucinée des années 1960 où il rencontre notamment, dans un moment d’anthologie, Hunter Thompson, le roman d’Oscar Zeta Acosta est avant tout une émouvante quête identitaire. Celle d’un gamin trop brun pour être américain ainsi que le montre sa tragique histoire d’amour adolescente, trop déraciné et privé de sa langue maternelle pour être mexicain. Innocent et crédule mais épris de justice et profondément désireux de savoir qui il est, Acosta n’a de cesse de se chercher et de s’engager dans des aventures épiques qu’il décrit avec toute la force de son autodérision.

Des bagarres avec les Okies du quartier voisin aux geôles et au tribunal de Juarez, en passant par le Colorado, c’est avec tendresse que l’on suit ce spécimen unique de bison brun en quête de lui-même en attendant la suite, Le soulèvement des cafards, annoncée par les jeunes éditions Tusitala[1] pour 2014.

Oscar Zeta Acosta, Mémoires d’un bison (Autobiography of a Brown Buffalo, 1972), Éditions Tusitala, 2013. Traduit par Romain Guillou.

Du même auteur sur ce blog : La révolte des cafards ;

 

 

[1] Dont on saluera au passage la beauté des livres.

Publié dans Littérature "blanche"

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