Permis de chasse, d’Elmore Leonard
Rivages continue sa politique de réédition de l’œuvre d’Elmore Leonard avec ce Permis de chasse datant de 1982 (titre original Split Images) qui n’avait à notre connaissance jamais été traduit en France jusqu’à présent.
Robbie Daniels est un millionnaire qui s’ennuie. Héritier rentier d’un industriel de Detroit, il partage sa vie entre la Motor City et Palm Beach. Fasciné par les armes, il rencontre Walter Kouza, flic qui accumule les bavures mortelles, et décide de profiter des connaissances de ce dernier pour occuper son temps en tuant des personnes dont il estime que la Terre se porterait mieux sans elles. Son chemin ne tarde pourtant pas à croiser celui de Bryan Hurd, chargé d’enquêter sur un meurtre commis par Daniels, et d’Angela Nolan, jeunes journaliste qui réalise des portraits de riches.
Permis de chasse est un peu l’archétype du roman d’Elmore Leonard. L’action se déroule dans les deux villes fétiches de l’auteur, le méchant est retors et intelligent mais trop sûr de lui, son associé est un crétin dépassé par les événements, et l’on trouve du côté des gentils l’habituelle jeune femme forte associée au flic flegmatique et extrêmement cool[1]. Sans surprise donc, pour qui est habitué à lire Leonard, mais indéniablement dans la fourchette haute en ce qui concerne la qualité – on se demande d’ailleurs pourquoi il a fallu attendre 2013 pour le voir traduit.
Avec comme souvent un point de départ extrêmement mince, Leonard, à coup de dialogues percutants mâtinés d’un humour grinçant et de situations dans lesquelles il excelle à faire monter la tension entre ses personnages, réussit à livrer un roman prenant malgré le fait que le lecteur se doute bien de là où tout cela va le mener. Il montre une fois encore que sans écrire de chefs-d’œuvre il est un excellent artisan capable de ciseler une série B de qualité souvent plus maline que bien des œuvres qui voudraient viser plus haut.
Elmore Leonard, Permis de chasse (Split Images, 1982), Rivages/Noir, 2013. Traduit par Élie-Robert Nicoud.
Du même auteur sur ce blog : La guerre du whisky ; Punch Creole ; Connivence avec l’ennemi ; Djibouti ; Raylan ; Cinglés! ; Charlie Martz et autres histoires ; Rebelle en fuite et autres histoires ; Inconnu 89 ; Swag ;
[1] Des variantes existent bien sûr : le gentil peut aussi parfois chez Leonard vivre aux marges de la loi, comme dans Hors d’atteinte ou Zigzag Movie. Reste que le schéma est toujours plus ou moins le même.