Boléro noir à Santa Clara, de Lorenzo Lunar

Publié le par Yan

Bol-roNoirSéduit par La vie est un tango, récemment paru chez Asphalte, on a finalement mis la main sur le premier roman de Lorenzo Lunar traduit en français, chez L’atinoir, Boléro noir à Santa Clara.

Leo Martin, est policier à El Condado, quartier pauvre de Santa Clara. C’est aussi un enfant de ce barrio et, lorsqu’il est chargé d’enquêter sur la mort du vieux Cundo, pour lequel il avait une tendresse particulière, et qu’une partie de ses amis d’enfance compte parmi les protagonistes de l’affaire, il se trouve pris entre sa fidélité au quartier et sa volonté de mettre la main sur l’assassin.

Dans ce premier volume de la chronique d’El Condado, Lorenzo Lunar met en place en prenant prétexte d’un classique roman à énigme, son décor et ses personnages. La recherche du coupable et l’audition des témoins par Leo est l’occasion de mettre en scène une tranche de vie de ce quartier défavorisé ou de l’histoire de ses habitants. Souvenirs de la guerre en Angola, petits trafics et arrangements quotidiens, prostitution, drogue et marché noir sont les véritables sujets de ce roman. On verra ainsi comment les oiseaux du parc finissent en fricassée, comment dépecer un cheval dans une maison sans laisser de traces ou encore la façon dont on honore les morts dans ce barrio bien loin du communisme utopique vendu par le gouvernement ainsi que l’explique Leo dès les premières lignes :

« Vivre dans ce quartier, ça te fout les boules.

Tu y nais, tu y grandis, tu y fais ta vie, et puis finalement tu te dis que vivre ici, ça te les brises. Sérieux.

Le quartier est un monstre, comme dit mon pote el Puchy.

Le quartier, il te réduit en purée, il te brinqueballe, t’éduque, te pousse, te traîne, te relève, te jette à terre et te piétine.

Il fait de toi un homme ou un débris. »

Tendrement ironique, sans affèterie, Lorenzo Lunar décrit ainsi en moins de cent pages un quotidien ordinaire fait de sales coups, de misère et de décadence, mais aussi d’amitiés fidèles et de solidarité. Dépaysant.

Lorenzo Lunar, Boléro noir à Santa Clara (Que en vez del infierno encuentres gloria, 2003), L’atinoir, 2009. Traduit par Morgane Le Roy.

Du même auteur sur ce blog : La vie est un tango ; Coupable vous êtes ;

Publié dans Noir latino-américain

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