Il faut tuer Lewis Winter, de Malcolm Mackay

Publié le par Yan

il faut tuer lewis winterTueur à gages free-lance travaillant pour la pègre de Glasgow, Calum MacLean est réputé pour son professionnalisme et son farouche désir d’indépendance. Lorsqu’il accepte de remplacer au pied levé son collègue Frank MacLeod, malade, pour accomplir une mission pour le compte de Peter Jamieson, caïd en pleine ascension, il ne se doute pas qu’il va bientôt se trouver pris entre deux feux.

Le tueur à gages, du James Raven de Graham Greene au Keller de Lawrence Block en passant par le Martin Terrier de Manchette, est une des figures récurrentes du roman noir. Comme pour le privé, il est difficile d’éviter les poncifs du genre. Malcolm Mackay ne semble d’ailleurs pas chercher à le faire. Si ce n’est qu’il appartient à la jeune génération – il a vingt-neuf ans – et qu’il joue pendant son temps libre sur sa console de jeux vidéos, Calum MacLean n’a rien de bien original. Minutieux organisé, prenant son travail au sérieux sans pour autant le voir autrement que comme un gagne pain qu’il convient de faire le mieux possible, MacLean n’est ni plus ni moins qu’un ouvrier consciencieux, sans rêves de grandeurs.

Ce qui rend Il faut tuer Lewis Winter original se situe ailleurs. Dans le style froid et distancié alors que l’on entre littéralement dans la tête des personnages – en particulier MacLean, Zara la compagne de Winter et Fisher l’inspecteur chargé de l’enquête – et dans la peinture sans artifices de la pègre de Glasgow où quelques ambitieux manipulent des armées de gagne-petit sans envergure.

Si l’écriture de Malcolm Mackay, sèche et dénuée d’émotions, pourra en rebuter certains, elle donne toutefois au roman une aura particulière qui saura séduire ceux qui feront l’effort d’y entrer. Après une première partie consacrée à la préparation minutieuse du meurtre de Lewis Winter, intéressante mais peut-être un petit peu longue, le rythme s’emballe. Les entrées en scène de Zara et de Fischer comme du falot Stewart  créent un appel d’air et achèvent d’accrocher le lecteur curieux de voir qui va s’en sortir et comment.

En fin de compte, avec un scénario de départ sans originalité et on ne peut plus simple, Malcolm Mackay réussit à développer un roman séduisant qui non seulement tient la longueur mais apporte aussi un peu de fraîcheur au genre. On n’en demande pas plus.

Malcolm Mackay, Il faut tuer Lewis Winter (The Necessary Death of Lewis Winter, 2013), Liana Levi, 2013. Traduit par Fanchita Gonzalez Batlle.

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Publié dans Noir britannique

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