L’enfer est au bout de la nuit, de Malcolm Mackay

Publié le par Yan

Avec L’enfer au bout de la nuit Malcolm Mackay continue son exploration intime de la pègre de Glasgow. Après la trilogie consacrée au tueur Calum MacLean, il fait place là à Nate Colgan, déjà croisé précédemment, gros bras au service lui aussi de l’organisation de Peter Jamieson.

Jamieson emprisonné, son organisation se trouve affaiblie et donc attaquée par d’autres bandes qui convoitent ses affaires. Sans compter par ailleurs les luttes de pouvoir au sein de l’organisation elle-même puisque son chef n’est plus physiquement là pour tenir ses hommes. Au milieu de tout cela Colgan, cogneur mais pas pour autant stupide, sent bien que quelque chose se trame et ce d’autant plus que Zara Cope, son ex-compagne et mère de leur fille, est de retour en ville et semble prendre sa part dans les événements qui secouent le Milieu.

On retrouve donc là les éléments qui rendaient la trilogie MacLean aussi fascinante et efficace. À travers le regard du personnage de Nate Colgan, qui est le narrateur de la plus grande partie du roman, Malcolm Mackay plonge au cœur des arrières cuisines de la pègre écossaise. L’analyse de Colgan se veut froide et distanciée et met en avant le fonctionnement des manœuvres en cours, explique les moindres faits et gestes et leurs éventuelles conséquences : un départ un peu trop précipité d’une réunion, un regard insistant, le fait que tel ou tel homme ne s’assoie pas pendant une rencontre, le ton employé… autant d’éléments qu’il convient pour un membre de l’organisation de savoir interpréter pour pouvoir anticiper. Et à ce jeu-là Nate Colgan est bon, du moins le pense-t-il. Car ce bloc de muscle extrêmement fidèle à l’entreprise et porté par un code de valeurs duquel il répugne à sortir est aussi extrêmement prévisible, ce qui l’expose à être manipulé. Mais par qui ? Ce sera toute la question. Peut-être aussi est-il moins froid qu’on ne le croit et Zara Cope comme Ronnie, le jeune disciple auquel il essaie d’inculquer les bases du travail de gros bras, constituent-ils une autre de ses faiblesses.

Plus encore peut-être que dans ses précédents romans, Malcolm Mackay arrive à allier la précision de la description du Milieu et la celle de la manière dont les sentiments personnels peuvent interférer avec les codes que les personnages sont censés suivre. Il confère ainsi à Nate Colgan une épaisseur qui ne tient pas qu’à sa carrure, ce qui permet par la même occasion de sortir le lecteur du simple rôle d’observateur distant pour l’impliquer dans son intrigue – ce qu’il avait par ailleurs commencé à faire en évoquant la relation de Calum McLean avec son frère dans Ne reste que la violence.

Incontestable réussite, roman noir implacable dans lequel la tension va crescendo, L’enfer est au bout de la nuit confirme s’il en était encore besoin que Malcolm Mackay est une plume majeure du noir britannique.

Malcolm Mackay, L’enfer est au bout de la nuit (Every Night I Dream of Hell, 2016), Liana Levi, 2016. Traduit par Fanchita Gonzalez Battle. 303 p.

Du même auteur sur ce blog : Il faut tuer Lewis Winter ; Comment tirer sa révérence ; Ne reste que la violence ;

Publié dans Noir britannique

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