Bobby Mars Forever, d’Alan Parks

Publié le par Yan

Bobby March, rock star, est mort dans une chambre d’hôtel, une seringue plantée dans le bras. C’est de cette affaire, pour peu que ça en soit une, dont Harry McCoy, mis au placard par son supérieur, hérite. Et aussi, pour faire bonne mesure, d’une série de braquages. Sans compter que son ami Stevie Cooper traverse une mauvaise passe et que Murray, le grand chef, lui a demandé de retrouver sa nièce fugueuse. Tout ça alors qu’Alice Kelly, treize ans, a disparu, et que tout le reste des forces de police de Glasgow est sur les dents. Et en plus il fait chaud en ce mois de juillet 1973 où le mercure dépasse allègrement les vingt degrés.

Troisième volet de cette série de romans noir qui mettent autant en scène Harry McCoy que Glasgow elle-même, Bobby Mars Forever est dans la droite ligne des deux précédents : efficace, porté par des dialogues extrêmement vivants et un portrait d’une ville en pleine mutation mais dans laquelle la misère règne encore et, avec elle, une forme de sociabilité ancienne qui, pourtant, s’efface peu à peu. Les scènes de bars, à ce propos, sont belles et édifiantes, où l’on voit les poivrots à l’ancienne reculer sous les assauts conjugués du rock et de jeunes en tee-shirts moulants et en jeans.

Les personnages aussi sont bien là. Plantés dans ce décor crasseux et magnifique, ils sont réellement incarnés. McCoy le premier, bien entendu, mais aussi le jeune Wattie, ce tigre blessé de Cooper, Raeburn le flic pourri, et ces femmes, Iris, Angela, Laura, qui ne veulent plus se laisser broyer.

La multiplication des personnages et des péripéties qui s’abattent sur McCoy pourrait faire craindre une certaine confusion ou une dilution de leur intérêt mais Alan Parks la gère de main de maître et c’est avec passion que l’on s’y plonge et que l’on se laisse porter. Pour tout dire, Parks réussit encore à hausser le niveau d’une série qui avait déjà commencé de la meilleure des manières et c’est un véritable plaisir que de le retrouver. Vivement le prochain.

Alan Parks, Bobby Mars Forever (Bobby March Will Live Forever, 2020), Rivages/Noir, 2022. Traduit par Olivier Deparis. 320 p.

Du même auteur sur ce blog : Janvier noir ; L’enfant de février ; Joli mois de mai ;

 

Publié dans Noir britannique

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