Joli mois de mai, d’Alan Parks
Je m’aperçois en me lançant dans cette chronique que je n’avais pas fait celle du précédent roman d’Alan Parks, Les morts d’avril. C’était un bon livre. Pas mon préféré, mais toujours au-dessus du lot dans la pléthorique offre de polars.
Joli mois de mai, c’est une autre affaire, puisque c’est à mon avis le meilleur roman [à ce jour] de la série mettant en scène l’inspecteur Harry McCoy.
McCoy, justement, en ce mois de mai 1974, se remet à peine de sa précédente affaire. Alors qu’il reprend doucement le travail, l’estomac rongé par un ulcère, il assiste à une quasi émeute devant le tribunal de Glasgow. En effet, trois adolescents doivent y être jugés pour avoir incendié un salon de coiffure. Cinq femmes et enfants ont péri dans le brasier et la foule réclame la tête des coupables. Mais alors qu’on les défère, le fourgon cellulaire est attaqué par des hommes masqués. On croit d’abord à une évasion mais, très vite, on s’aperçoit que si ces trois garçons ont été libérés de la justice, s’est pour que d’autres la rendent d’une manière plus expéditive. Voilà déjà beaucoup à faire pour McCoy et la police de Glasgow, mais il y a aussi le meurtre d’une adolescente retrouvée dans un parc, et le suicide suspect d’un brocanteur dans un foyer pour SDF. De quoi continuer à se ronger les sangs en buvant du Pepto-Bismol.
On ne peut qu’être impressionné par la capacité qu’a Alan Parks à avancer dans sa série sans perdre en qualité et, surtout, sans cesser de nous surprendre. Cela tient bien entendu à des intrigues bien ficelées qui comportent leur lot de rebondissements, de fausses pistes et de suspense. Cela tient surtout, à mon sens, au fait que les personnages de Parks, tous sans exception, sont fortement incarnés. Alan Parks arrive à en brosser des portraits complexes, à montrer l’humanité de chacun d’entre eux, c’est-à-dire leur caractère parfois ambivalent, leurs reniements et leurs valeurs plus ou moins honorables. Au centre, il y a bien sûr McCoy dont l’histoire personnelle continue de se révéler peu à peu et qui gagne toujours plus en humanité, particulièrement aux côtés de son adjoint, Watson, qui lui-même devient de plus en plus intéressant. Je ne veux pas trop en dévoiler et j’en reste donc à ces généralités, mais disons-le clairement, Joli mois de mai est sans doute le roman le plus riche de la série en ce qu’il trouve un équilibre parfait entre cette importance des personnages et la tension de l’intrigue. C’est une formidable réussite. Si vous n’avez pas encore lu les romans d’Alan Parks, rien ne vous empêche de commencer par celui-ci, qui peut très bien se lire à part, mais ne passez pas non plus à côté des autres.
Alan Parks, Joli mois de mai (May God Forgive, 2022), Rivages/Noir, 2024. Traduit par Olivier Deparis. 429 p.
Du même auteur sur ce blog : Janvier noir ; L’enfant de février ; Bobby Mars Forever ;