L’enfant de février, d’Alan Parks
Après Janvier noir, honorable polar qui valait moins pour son intrigue que pour la reconstitution de Glasgow au début des années 1970 et l’ambiance pesante qu’il y faisait régner, Alan Parks revient avec le deuxième volume de la série mettant en scène l’inspecteur Harry McCoy.
On est donc un mois après les événements contés dans le précédent volume et McCoy retrouve de manière abrupte le travail puisqu’il doit enquêter sur le meurtre d’une étoile montante de l’équipe du Celtic Football Club. Charlie Jackson a été torturé avant d’être achevé d’une balle dans la tête. Plus qu’un footballeur prometteur il était aussi le petit ami de la fille de Jake Scobie, un chef de la pègre. McCoy va donc une fois encore devoir aller frayer dans les bas-fonds de sa ville et renouer avec un autre gangster local, son ami d’enfance Stevie Cooper.
L’enfant de février ne propose pas plus que Janvier noir une intrigue foncièrement originale. Elle est néanmoins prenante et menée avec efficacité. Surtout, à l’ambiance d’une Glasgow glaciale et dont les bas-fonds sont agités par des luttes de pouvoir et de succession, Alan Parks vient ajouter un intérêt supplémentaire pour ses personnages qui, peu à peu, gagnent en épaisseur.
Il y a bien entendu McCoy, son attirance pour une certaine forme d’autodestruction et ses subites explosions, mais surtout Stevie Cooper. En creusant l’histoire de ces deux-là depuis leurs années en foyer, Parks en fait un duo dont la relation aussi forte qu’ambigüe se révèle passionnante. Quant à ceux qui gravitent autour de McCoy, ses collègues, ils prennent eux-aussi beaucoup plus forme que dans le précédent roman. Wattie, l’adjoint du héros, se forge un caractère dont on peut penser qu’il l’amènera peu à peu à s’opposer à McCoy. Quant au chef Murray, père de substitution maniant aussi bien le bâton que les encouragements, il gagne lui aussi en complexité.
Avec L’enfant de février, Alan Parks consolide indéniablement les fondations qu’il avait précédemment commencé à couler, ce qui annonce, s’il réussit à conserver son rythme, des suites passionnantes. En attendant, c’est avec un réel plaisir que l’on se plonge dans ce polar où, derrière une intrigue a priori assez classique, l’auteur fait évoluer des personnages complexes et bourrés de contradictions. Bref, un excellent roman policier.
Alan Parks, L’enfant de février (February’s Son, 2019), Rivages/Noir, 2020. Traduit par Olivier Deparis. 412 p.
Du même auteur sur ce blog : Janvier noir ; Bobby Mars forever ; Joli mois de mai ;