Rétrospective Dortmunder (13) : Surveille tes arrières, de Donald Westlake
Rétif au changement, homme d’habitude, Dortmunder se trouve sévèrement perturbé lorsqu’il s’aperçoit qu’il n’a plus accès à l’arrière-salle du O.J. Bar & Grill tombé sous la coupe de la mafia du New-Jersey et que l’horrible fourgue Arnie Allbright est devenu un homme neuf depuis le retour de sa cure thérapeutique dans un Club Med des Antilles. S’il peut encore s’accommoder du changement de personnalité d’Arnie, d’autant plus qu’il lui apporte un coup en or sur un plateau, notre cambrioleur poissard n’arrive toujours pas avaler le fait de devoir se réunir avec sa bande dans son salon ou dans des bars branchés.
Dans ce treizième et antépénultième épisode (et oui, déjà) des mésaventures de Dortmunder, malgré les apparences, rien ne change vraiment. John Archibald Dortmunder est toujours aussi buté en ce qui concerne ses habitudes, sa bande est toujours aussi haute en couleurs et, bien entendu, le coup qu’ils montent est destiné à se heurter à leur éternelle malchance.
Comme dans le volume précédent (Les sentiers du désastre), Donald Westlake lance plusieurs intrigues destinées à se rencontrer pour un final détonnant. On suit donc ainsi l’action de Dortmunder pour récupérer le O.J., les préparatifs du cambriolage, l’embauche d’un jeune prometteur par J.C. Taylor, la compagne de Tiny Bulcher spécialisée dans les arnaques par correspondances et la création de faux États bénéficiant d’un siège à l’ONU, et, enfin, les tribulations du détestable Preston Fareweather, millionnaire exilé dans un Club Med pour échapper aux injonctions de ses ex-épouses et victime putative du coup proposé par Arnie Allbright.
Si tout est parfaitement huilé afin de mener à l’explosion finale, force est de constater que, malheureusement, les différentes situations ne sont pas d’intérêt égal, en particulier les passages concernant Preston Fareweather et le jeune Judson Blint embauché par J.C. Taylor qui trainent parfois en longueur même si la fin du roman justifie totalement qu’on les suive.
Il n’en demeure pas moins que, comme à son habitude, Westlake peint quelques portraits hilarants (on pense notamment aux mafieux qui ont mis la main sur le O.J. et au vieux fondateur du même O.J.), et prend d’évidence un véritable plaisir – communicatif - à embringuer ses personnages dans des situations complètement loufoques.
Aussi, s’il est indéniable que cet épisode, comme le précédent, souffre de quelques longueurs, il est tout aussi vrai que l’on y rit souvent sans retenue et qu’il joue parfaitement son rôle de livre destiné à distraire le lecteur qui passe un vrai bon moment en compagnie de cette bande de bras cassés.
Donald Westlake, Surveille tes arrières ! (Watch your Back, 2005), Rivages/Thriller, 2010. Rééd. Rivages/Noir, 2013. Traduit par Jean Esch.
Dans la série Dortmunder sur ce blog : Pierre qui roule ; Comment voler une banque ; Jimmy the kid ; Personne n’est parfait ; Pourquoi moi ? ; Bonne conduite ; Dégâts des eaux ; Histoire d’os ; Au pire qu’est-ce qu’on risque ? ; Mauvaises nouvelles ; Voleurs à la douzaine ; Les sentiers du désastre ; Et vous trouvez ça drôle? ; Top Réalité.