Iain Levison : Une canaille et demie

Publié le par Yan

 3702-medium.jpgDixon, braqueur de son état, a réussi à se faire la malle, après son dernier hold-up, avec un sac plein de billets et une balle dans le bras. Abonné à la prison, il aimerait autant que possible ne pas y retourner. C’est pourquoi il décide de se requinquer, en attendant que tout se tasse, en s’immisçant dans la maison et la vie de d’Elias White, terne professeur d’histoire de la petite université de Tiburn, New Hampshire, qui rêve de rejoindre Harvard grâce à ses théories révolutionnaires sur l’Allemagne nazie, et profite en attendant de la libido galopante de sa (trop) jeune voisine. La cohabitation risque d’être difficile et, en fin de compte, la question qui se pose est de savoir lequel des deux hommes craquera en premier, tuant l’autre ou le dénonçant au FBI. Car Denise Lupo, agent du FBI en bute à la misogynie et à l’incompétence de sa hiérarchie, a tout de même réussi à convaincre son chef de la laisser enquêter à Tiburn.

Iain Levison poursuit donc son exploration de l’Amérique contemporaine au travers de ces personnages, éternels perdants, qui se débattent pour exister dans un monde cynique qui, au mieux, les ignore ou, au pire, fera tout pour se débarrasser d’eux ou les tordre et les presser afin qu’ils rentrent dans le moule qui leur a été préparé et n’en bougent pas.

 Comme toujours chez Levison, le propos n’est jamais pesant ni trop démonstratif et, surtout, l’humour, noir bien entendu, n’est jamais loin. On découvre aussi dans ce roman, confrontation entre ces personnages oblige, ce dont on se doutait bien déjà : Iain Levison maîtrise parfaitement les dialogues dont certains me semblent – mais peut-être est-ce une interprétation erronée – influencés par le style d’Elmore Leonard. Ou bien est-ce seulement parce que Dixon ressemble furieusement par certains côtés au Jack Foley de Loin des yeux et de Road dogs ?

Bref, une fois encore, sous le couvert d’une situation classique du polar – un fugitif, un citoyen otage, un agent du FBI au bout du rouleau, des confrontations et du suspens – Levison lance une charge maline contre l’individualisme, la poursuite incessante de l’argent et du pouvoir, et le cynisme qui vont avec. Et puis, plus que tout cela, Une canaille et demie est un roman savoureux. Tout simplement.

Iain Levison, Une canaille et demie, Liana Levi, 2006. Rééd. Liana Levi Piccolo, 2007. Traduit par Fanchita Gonzalez Batlle.

Du même auteur sur ce blog : Un petit boulot ; Arrêtez-moi là! ; Ils savent tout de vous ; Pour services rendus ; Un voisin trop discret ;

Publié dans Noir américain

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C
<br /> Il est très bine le "Arrêtez-moi là" mais c'est encore plus grinçant que les autres...plus révoltant aussi de par le sujet<br /> <br /> <br />
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Y
<br /> <br /> À voir, donc.<br /> <br /> <br /> <br />
C
<br /> Des trois polars (je mets à part le savoureux "tribulations d'un précaire") je dirai quand même que c'est - à mon humble avis - le moins bon...<br /> <br /> <br />
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Y
<br /> <br /> Je suis d'accord avec toi. J'ai plus aimé Trois hommes, deux chiens et une langouste, qui m'a permis de découvrir Levison, et encore plus Un petit boulot. Mais celui-ci a son<br /> charme, et je trouve que Levison a fait un réel travail sur les dialogues. Je n'ai pas encore lu Arrêtez-moi là, même si tu m'as mis l'eau à la bouche. Je place aussi à part Les<br /> tribulations d'un précaire qui, par ailleurs, est pour moi le meilleur roman de Levison.<br /> <br /> <br /> <br />