Kasso, de Jacky Schwartzmann

Publié le par Yan

Jacky Toudic s’est trouvé un travail unique. Il est sosie de Mathieu Kassovitz. Pas genre sosie officiel. Plutôt sosie escroc. Voilà des années qu’il surfe sur les succès de l’acteur pour extorquer de l’argent à des gogos qui croient investir dans la production cinématographique. Toutefois, lorsqu’il apprend que sa mère est atteinte de la maladie d’Alzheimer, qu’il va devoir la placer dans un établissement de santé hors de prix, le moins que l’on puisse dire est que ça lui met un coup au moral. Pas seulement parce que madame Toudic pense que Nagui est son fils, mais aussi parce que, pour gérer tout ça, Jacky doit revenir à Besançon. L’incipit du livre est assez clair, d’ailleurs, sur l’état d’esprit de son narrateur : « Maman n’est pas morte. Ce serait mieux pour tout le monde, à commencer par elle. Cela m’arrangerait aussi. »

Que faire dans cette situation ? Retrouver les vieux copains de lycée, essayer de draguer une femme sur Tinder en se faisant passer pour Kassovitz… sauf que Jacky tombe sur Zoé, une avocate un peu particulière qui voit clair dans son jeu et va lui proposer d’aller bien plus loin.

Ce qui est bien avec Jacky Schwartzmann, c’est qu’il arrive toujours à vous surprendre avec une histoire un peu folle et qu’on est dans le même temps assuré de passer un bon moment à rire. Et le rire avec Jacky Schwartzmann est d’autant plus agréable que, aussi scabreuses que puissent être les situations, il n’est jamais cynique. Peut-être parce que l’auteur aime chacun de ses personnages tel qu’il est, sans doute aussi parce qu’il n’entend donner aucune leçon de bon goût, et le moins que l’on puisse dire est que ça fait du bien.

Scènes rocambolesques, sentences définitives (« Ils aiment aussi citer des dialogues d’Audiard sur les cons. "T’auras pas fini de tourner", "Les cons ça ose tout". Ce qu’ils ignorent, c’est que c’est justement à cela que l’on reconnaît vraiment les cons : ils citent Audiard. ») et réflexions décalées sur la vie sont au rendez-vous et si l’intrigue accuse parfois un coup de mou, c’est pour mieux rebondir et surprendre. Une vraie bonne friandise.

Jacky Schwartzmann, Kasso, Éd. Du Seuil, coll. Cadre Noir, 2021. 213 p.

Du même auteur sur ce blog : Demain c'est loin ; Mauvais coûts ; Pension complète ; Pyongyang 1071 ; Shit ! ;

Publié dans Noir français

Commenter cet article