La ville des impasses, d’Aymen Gharbi

Publié le par Yan

Un jour de décembre 2042, une tueuse à gages tente d’assassiner Gravimal, l’architecte de la ville de Xoxox. Dans un monde déréglé par le changement climatique, miné par les conflits régionaux, Xoxox, bâtie de toutes pièces sur les restes de la forêt landaise est une ville qui a la particularité de n’être formée que d’impasses aboutissant à une esplanade dominée par l’immeuble dans lequel vit Gravimal. C’est donc là que Paoletta, la tueuse venue de Villaggio Coppola, cette station balnéaire campanienne bâtie dans les années 1960 et devenue pour partie une ville fantôme laissée aux mains des mafias, se trouve confrontée à un affrontement qui la dépasse. D’un côté les soutiens de Gravimal, l’homme qui a su libérer la ville de la voiture et a dans le même temps instauré une véritable ségrégation sociale, de l’autre les Démolisseurs, qui cherchent à libérer la ville de ses impasses et permettre le libre passage de tous les habitants.

Tout cela, la manière dont l’utopie originelle a été dévoyée par son propre concepteur, celle dont la résistance s’est organisée jusqu’à ce que quelqu’un en vienne à vouloir éliminer l’architecte, constitue le cœur du récit court mais très dense d’Aymen Gharbi. Ce roman est en effet extrêmement riche, l’auteur construisant autour de son intrigue de départ – qui veut faire assassiner Gramival et pourquoi ? – tout un monde à la fois étonnant et cohérent. En s’adonnant à cette démarche prospectiviste assez enthousiasmante Aymen Gharbi ouvre de multiples voies dont une partie, dans le court format qu’il choisit, finissent justement dans des impasses.

Parsemée d’idées drôles, étonnantes et parfois même brillantes, La ville des impasses vire parfois au récit un peu foutraque, peut-être parce que l’auteur a voulu faire entrer trop de choses, mais se révèle être malgré tout un roman auquel on s’attache et qui a cela aussi pour lui qu’il pousse le lecteur à se poser une multitude de questions sur le monde qui engendré Xoxox et donc sur le nôtre.

Aymen Gharbi, La ville des impasses, Asphalte, 2021. 121 p.

Publié dans Noir français

Commenter cet article