Sherlock Holmes en toutes lettres
Après Les avatars de Sherlock Holmes en début d’année, les éditions Rivages continuent avec ce volume la publication de nouvelles consacrées à Sherlock Holmes. Le premier volume était consacré aux pastiches, celui-ci, à travers quatre nouvelles, recueille les écrits de grandes plumes de la littérature de genre s’essayant au récit holmésien.
Davis Grubb, l’auteur de La nuit du chasseur, ouvre le bal avec l’histoire d’une amatrice unijambiste de Sherlock Holmes bien décidée à damer le pion de ses concurrents de la société holmésienne locale. C’est que dans cette petite ville de Virginie Occidentale est conservée la « pantoufle persane » de Sherlock Holmes. Pour en devenir propriétaire, un seul moyen : résoudre un meurtre. La concurrence est rude, mais la dame a de la réserve. Et si l’on sent assez vite arriver le dénouement, Davis Grubb s’en tire avec les honneurs, en nous offrant une nouvelle qui, pour être un peu téléphonée, offre une belle galerie de personnages et un magnifique portrait de femme sur le fil de la folie.
Avec « Zolnay le trapéziste », Rick Boyer propose quant à lui une nouvelle à l’ambiance particulièrement captivante, entre coulisses d’un cirque et évocation du célèbre John Merrick – le fameux Elephant Man – dont la rencontre avec Holmes et Watson est un beau moment.
Michael Moorcock, dans « L’Aventure du locataire de Dorsey Street », joue a priori un peu plus la carte du classicisme en matière d’enquête de Sherlock Holmes tout en se plaisant à glisser régulièrement vers le pastiche. Cela donne une nouvelle plutôt enlevée et parfois franchement amusante.
Quant à Anthony Burgess, qui clôt ce volume avec « Meurtre en musique », enquête sur fond de mélomanie et de complot mené par des indépendantistes catalans – bravo pour l’actualité – il est sans doute celui qui offre la nouvelle la moins palpitante en ce que, certainement, elle manque par rapport aux trois précédentes de ce soupçon de dérision qui rend habituellement ce genre d’exercice amusant.
L’ensemble se tient et, comme le volume précédent, offre un divertissement des plus agréables, une lecture légère et plaisante.
Sherlock Holmes en toutes lettres (The Big Book of Sherlock Holmes Stories, 2015), Rivages/Noir, 2017. Traduit par Frédéric Brument et Jean-Paul Gratias. 260 p.