Le jour où les zombies ont dévoré le Père Noël, de S.G. Browne
« Je m’appelle Andy Warner et je suis un zombie.
Ce n’est pas quelque chose qu’on est vraiment prêt à admettre. L’alcoolisme, l’addiction sexuelle, les problèmes de jeu… Ça oui. Ils sont indissociables de la condition humaine. Mais jamais vous ne prévoyez de vous réveiller un jour avec un cathéter dans la carotide et vos cavités bourrées de fluide conservateur d’autopsie.
Se réveiller d’entre les morts demande un gros effort d’ajustement. Un peu comme traverser la puberté, sauf qu’on ne se débarrasse jamais totalement de l’acné ni de l’odeur. »
Depuis Comment j’ai cuisiné mon père, ma mère… et retrouvé l’amour , Andy Warner n’en finit pas de revenir d’entre les morts. Après ses actions militantes en faveur des droits sociaux des zombies contées dans le précédent volume, le plus télégénique des morts-vivants a atterri dans un laboratoire dans lequel des scientifiques ont tout loisir pour faire des expériences sur lui et ses congénères. Mais, c’est sans compter sur la ressource de notre héros qui, à la veille de Noël, réussit à s’évader et à retrouver quelques compagnons. Déguisés en Père Noël dans une ville où il se trouve que ces derniers sont en congrès, ils devront échapper à ceux qui entendent bien les retrouver et poursuivre leurs essais cliniques.
Après un premier roman de zombies efficace et bourré d’humour, S.G. Browne a décidé de continuer à mettre en scène son héros à l’encéphalogramme plat à notre plus grande joie.
On conviendra sans problème que l’intrigue tient à un rien et que l’auteur peine toujours à trouver un ton adéquat lorsqu’il aborde la question des sentiments d’Andy Warner au risque de frôler dangereusement le temps de quelques lignes la bluette larmoyante, mais il faut bien admettre qu’il sait par contre manier l’ironie avec talent. Ce que le lecteur déjà familier de ce drôle de zombie attend, ce sont avant tout ses réflexions personnelles sur sa condition – généralement agrémentées du désormais classique « si vous n’avez jamais… vous ne pouvez pas comprendre. » – et le sens du décalage de Browne qui crée constamment des situations totalement rocambolesques d’autant plus amusantes qu’elles tendent à se terminer par d’hilarantes orgies de viande humaine.
Voilà donc encore de quoi passer un bon moment de franche rigolade sans chercher plus loin que ce que nous proposent l’auteur et son héros grâce à leur verve et à cette capacité à créer des gags passant sans cesse du premier au second degré, du pur sketch visuel à l’ironie mordante. Bref, un bon remède contre la morosité.
Et n’oubliez pas : « Être un mort-vivant n’est pas une tâche aisée. Sans même parler des insultes et de l’absence de droits sociaux, on n’est jamais préparé à devoir gérer le quotidien d’un cadavre réanimé.
Si vous n’avez jamais eu à subir une invasion d’asticots tandis que votre cerveau se liquéfie et bouillonne en vous jaillissant par les trous de nez, les oreilles et la bouche, alors vous ne pouvez pas comprendre. »
S.G. Browne, Le jour où les zombies ont dévoré le Père Noël (I Saw Zombies Eating Santa Claus. A Breathers Christmas Carol, 2012), Mirobole, 2014. Traduit par Laura Derajinski.
Du même auteur sur ce blog : Comment j’ai cuisiné mon père, ma mère… et retrouvé l’amour ; Heureux veinard ; Héros secondaires ;