Des promesses sous les balles, d’Adrian McKinty

Publié le par Yan

Le quatrième volume des enquêtes de Sean Duffy est arrivé un peu par surprise. Nouvel éditeur (le troisième en quatre romans), nouveau traducteur (le quatrième) et la couverture la plus laide de la série (pour le moment). Mais on aurait tort de s’arrêter à l’emballage puisque, une fois de plus, McKinty nous offre un très bon polar.

On retrouve donc Sean Duffy en 1985, quelques mois après l’enquête qui l’a mené – nécessairement contre son gré – à sauver la vie de Margaret Thatcher. Toujours flic, toujours catholique, et toujours habitué à vérifier qu’aucune bombe n’est attachée au châssis de sa voiture, Duffy reprend doucement son travail au sein du commissariat de Carrickfergus au milieu des Troubles qui secouent l’Irlande du Nord. Et pour changer, il semble être tomber sur une affaire facile : un couple de notables assassiné, et leur fils, avec lequel le père avait une relation agitée, retrouvé mort, apparemment suicidé, au pied d’une falaise quelques heures plus tard. Tout pointe vers le drame familial. Pourtant, certains éléments ne collent pas vraiment… et voilà Duffy, toujours têtu, toujours désespéré et allergique à l’autorité, qui commence avec ses collègues, à remonter des pistes qui gênent beaucoup de monde, tant dans la bonne société nord-irlandaise, que chez les factions en lutte et même les services secrets américains.

Est-il nécessaire de rappeler tout ce que l’on aime chez McKinty ? Un peu sans doute : le fond historique dramatique des Troubles en Irlande du Nord, les enquêtes à multiples tiroirs, et Duffy, bien entendu, archétype du héros cynique, dépressif, porté sur l’alcool et les stupéfiants. Cela donne une atmosphère noire et grise que viennent atténuer des pointes d’humour bienvenues. Il y a aussi, dans ce volume, la place un peu plus importante que prend le sergent McCrabban, fruste et fidèle acolyte de Duffy ainsi que celle que viennent occuper deux jeunes flics en formation. On avance dans le temps et Duffy ne reste pas monolithique. Ses histoires le changent et, dans ce noir et gris dans lequel il évolue, percent parfois quelques rayons de lumière.

La couverture et moche, mais ce n’est pas elle qu’on lit. Les deux premiers volumes de la série ne sont plus disponibles en poche, mais chaque enquête peut se lire à part. Il faudra vous trouver d’autres excuses, moins mauvaises, pour ne pas lire ce livre et le précédent (disponible, lui en Babel Noir).

Adrian McKinty, Des promesses sous les balles (Gun Street Girl, 2015), Fayard, 2024. Traduit par Pierre Reignier. 444 p.

Du même auteur sur ce blog : Le fleuve caché ; Une terre si froide ; Dans la rue j’entends les sirènes ; Retour de flammes ; La Chaîne ; Ne me cherche pas demain ;

Publié dans Noir irlandais

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L
j'ai adoré ce roman et je suis content que tu l'aies lu pour nous écrire cette belle chronique, car malheureusement j'ai limpression qu'il n'y a pas grand monde qui parle de ce roman et c'est bien dommage ! je croise les doigts pour que Fayard continue à publier ses autres romans que nous n'avons pas encore eu la joie de découvrir ! amitiés
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B
Je viens de signer un coup de ♥ sur le blog 813. Super roman ! J'ai adoré. Le premier que je lis.
S
bonjour, <br /> Est ce que Sean Duffy regarde toujours sous sa voiture, c 'est la question que je voulais vous poser avant de lire votre retour de lecture. Et bien j' ai la réponse. Quant à celle de savoir si j' allais lire cette nouvelle enquête, c 'est oui bine entendu. Sean Duffy fait parti des personnages auxquels on s'attache.
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