Retour de flammes, d'Adrian McKinty

Publié le par Yan

Adrian McKinty est un peu l’auteur irlandais le plus maudit de France. Six romans traduits et parmi ceux-là cinq issus de deux séries. La dernière en date – formidablement commencée avec Une terre si froide et Dans la rue j’entends les sirènes – met en scène le policier catholique Sean Duffy au début des années 1980 en Ulster ; elle compte aujourd’hui cinq romans dont deux ont été édités par les éditions Stock dans leur collection trop tôt défunte – amen – Cosmopolite Noire. Autant dire que les éditeurs susceptibles de traduire la suite d’une série déjà commencée ailleurs ne se bousculent pas au portillon et qu’il y a de fortes chances pour que le lecteur qui ne parle pas la langue de Gerry Adams puisse se brosser pour lire la suite. La première, une trilogie, mettait en scène Michael Forsythe, petit criminel irlandais devenu par la force des choses – et un assez sale caractère – un tueur professionnel doublé d’une balance poursuivi par des meutes d’assassins à la solde de son ancien gang. Les deux premiers volumes parus à la Série Noire (Le fils de la mort et À l’automne je serai peut-être mort) avaient eu la chance de connaitre une deuxième vie en poche chez Folio, ce qui ne fut pas le cas du troisième que je gardais précieusement en réserve au cas où surviendrait une pénurie de traduction de McKinty. Ce temps est venu.

Retour de flammes clôt donc la trilogie Michael Forsythe. Ceux qui ont lu les deux romans précédents le mettant en scène ne seront pas surpris. Ceux qui ont commencé par la série Sean Duffy risquent d’être un peu déçus. Forsythe, comme le montre la scène d’ouverture de Retour de flammes, c’est un peu la version irlandaise – c’est-à-dire cynique, grande gueule et portée sur la bouteille – de Jack Reacher. On commence donc par l’élimination sans ciller de tueurs à gages qui auraient mieux fait de trouver un contrat plus simple – Fidel Castro, JFK ou Vladimir Poutine, par exemple. Et voilà que l’intrigue démarre : Bridget Callaghan, qui tente désespérément de faire flinguer Forsythe depuis douze ans décide de passer un marché avec lui : s’il retrouve sa fille, qui a été kidnappée, elle acceptera d’arrêter d’envoyer tout ce que la terre compte de tueurs professionnels se faire dépecer par Michael, que ça commence tout de même à fatiguer. Voilà.

Tout le monde aura donc compris que McKinty n’est pas là pour faire dans la dentelle. Tenu par un ultimatum qui lui laisse seulement quelques heures, Michael Forsythe va s’en prendre plein la tête tout en le rendant au centuple en agrémentant ses bagarres et autres meurtres de répliques bien senties jusqu’à une fin qui, comme il le dit lui-même page 356, fait que l’on « se croirait dans le dernier épisode de la dernière saison d’une telenovela ».

Bref, c’est certain, Retour de flammes n’est pas ce qu’Adrian McKinty a fait de mieux dans cette trilogie qui n’est pas, elle non plus, ce qu’il a fait de mieux dans sa carrière. C’est juste moyen, mais il faut admettre que l’on se laisse prendre au jeu de la grosse castagne et des exécutions sommaires. Parce qu’en fait ça reste malgré tout assez marrant dans le genre caricatural, la série B (B moins) assumée. Vite lu, vite oublié, ce n’est pas ça qui permet de s’en mettre assez sous la dent dans l’attente désespérée du troisième volume de la série Sean Duffy. Juste un petit shoot vite fait, mais indéniablement un plaisir immédiat que l’on n’a pas envie de bouder.

Adrian McKinty, Retour de flammes (The Bloomsday Dead, 2007), Gallimard, Série Noire, 2009. Traduit par Patrice Carrer. 377 p.

Du même auteur sur ce blog : Le fleuve caché ; Une terre si froide ; Dans la rue j’entends les sirènes ; La Chaîne ; Ne me cherche pas demain ; Ne me cherche pas demain ; Des promesses sous les balles ;

 

Publié dans Noir irlandais

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P
Le meilleur auteur de romans noirs irlandais.... Quel dommage que pas un éditeur français ne s' y intéresse. Une invitation dans un festival t.q. le Quai du Polar pourrait relancer une carrière francophone...
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