Notre dernière part de ciel, de Nicolás Ferraro

Publié le par Yan

Il n’aura pas échappé aux lecteurs de ce blog que j’ai pris un peu de retard dans mes chroniques… Place donc à un roman lu il y a un peu plus d’un an déjà mais qui mérite que l’on s’y arrête un peu. Non pas que Nicolás Ferraro révolutionne le roman noir, mais parce qu’il propose un roman qui suit les canons du genre et met en scène, dans une situation assez classique, des personnages particulièrement bien incarnés avec ce qu’il faut d’un mélange d’ironie et de tendresse à leur égard qui n’appartient qu’à lui.

Tout commence avec le crash d’un avion chargé de cocaïne. Avant de s’écraser dans cette région reculée d’Argentine proche de la frontière avec le Brésil et le Paraguay, l’équipage a tenté de s’alléger en jetant ses ballots par-dessus bord. Les deux survivants ne le resteront pas longtemps s’ils ne récupèrent pas rapidement le chargement qu’on leur avait confié. Problème : les frères Javier et Emiliano Vargas ont besoin d’argent. Ouvriers agricoles, bucherons clandestins pour un trafiquant de bois exotique, ils rêvent d’une autre vie, surtout Emiliano qui a promis à sa femme de s’installer à Buenos Aires. Pour eux, mettre la main sur cette drogue tombée du ciel pourrait être l’occasion de filer enfin vers d’autres horizons. Autre problème : un pain de cocaïne est tombé dans le plateau du pick-up du vieux Reiser qui espérait bien couler une retraite tranquille avec son cheval loin de son ancienne vie de violence. Les flics – corrompus évidemment – ratissent la zone comme les narcos survivants du crash et l’abominable Zupay, envoyé par leur patron et chargé de se débarrasser de tout obstacle qui se mettrait en travers de sa route.

Tout cela donne donc un roman noir violent dans lequel une multitude de personnages effrayants, attendrissants, bêtes comme leurs pieds, machiavéliques, pleins d’espoirs, désespérés, se croisent, se heurtent jusqu’à un final où toute la tension accumulée finit par se décharger. Cela nécessite certes un peu plus d’attention que de coutume, mais pour qui s’y laisse entraîner, voilà de quoi passer quelques heures des plus plaisantes.

Nicolás Ferraro, Notre dernière part de ciel (El cielo que nos queda, 2019), Rivages/Noir, 2023. Traduit par Alexandra Carrasco et Georges Tyras. 264 p.

Publié dans Noir latino-américain

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W
Trop kiffant ce comeback, ça me manquait tes critiques.
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