Revolver, de Duane Swierczynski
Le 7 mai 1965, Stan Walczak agent de police d’origine polonaise et son coéquipier George Wildey sont abattus dans un bar de Philadelphie. Leur meurtrier n’est jamais arrêté. En 1995, le fils de Stan, Jim, est devenu inspecteur de police. Il est persuadé de savoir qui a assassiné son père et entend bien confondre le coupable. Mais il doit aussi se lancer dans une difficile enquête après le meurtre d’une journaliste. En 2015, Audrey, fille de Jim, petite-fille de Stan, qui suit des études de criminologie à Houston, revient à Philadelphie à l’occasion de la pause d’une plaque commémorative en l’honneur de son grand-père. Elle se dit que c’est peut-être l’occasion, dans le cadre de son mémoire de fin d’année, d’essayer de faire la lumière sur le meurtre de Stan Walczak et George Wildey.
Avec Revolver, Duane Swierczynski quitte le monde déjanté et vaguement à côté de la réalité pour un polar doté d’une trame plus classique dans lequel les destins de trois générations s’enchevêtrent. S’il laisse encore, en particulier à travers les saillies verbales d’Audrey, une place à l’humour, il s’emploie clairement à mettre en place une histoire qui soit à la fois un roman policier plein de rebondissements et une façon de poser la question du racisme. De fait, c’est au moment des émeutes raciales de Philadelphie que débute Revolver et la question du duo dépareillé formé par Stan et George est au cœur de cette histoire.
D’une manière générale, Duane Swierczynski atteint son but. Son roman se lit avec gourmandise. Rythmé par une écriture extrêmement directe et des chapitres relativement courts qui s’achèvent toujours sur une scène de suspense ou au moment où une révélation va être faite, il est aussi porté par des personnages tour à tour attachants, énervants ou ambivalents. Si la révélation finale est certainement en dessous de ce que l’on pouvait attendre, un peu téléphonée et peut-être affaiblie par la surenchère induite par l’enquête de Jim en 1995, il n’en demeure pas moins qu’avec Revolver Duane Swierczynski noue avec réussite avec une forme de roman plus classique que ceux auxquels il nous a habitués et qu’il est toujours plaisant d’être ainsi surpris par un auteur qui nous amène là où on ne s’attendait pas forcément à aller. D’autant plus que le chemin pour y arriver, pour aussi bien balisé qu’il soit, nous procure son lot de surprises et un incontestable plaisir de lecture.
Duane Swierczynski, Revolver (Revolver, 2016), Rivages/Noir, 2020. Traduit par Sophie Aslanides. 379 p.
Du même auteur sur ce blog : Mort à tous les étages ;