Malicia, de Leandro Ávalos Blacha
Plus de trois ans après Côté cour, Leandro Ávalos Blacha est de retour avec un roman une nouvelle fois intrigant, mêlant fantastique et satire sociale.
Débutant comme un vaudeville, Malicia commence par mettre en scène un drôle de ménage à trois. Juan Carlos et Perla ont décidé de passer leur lune de miel dans la station balnéaire de Carlos Paz et ont amené avec eux Mauricio, ami d’enfance de Juan Carlos qui lui sert surtout de faire-valoir et, à l’occasion de souffre-douleur. Radin au possible et obsédé par la loterie, Juan Carlos compte sur Mauricio pour partager les frais et sur Perla, chez qui lui et sa mère ont décelé un don qui les a séduits, pour deviner les numéros qui sortiront lors des différents tirages. Carlos Paz, par ailleurs, est un peu le Las Vegas argentin. On y trouve des casinos dans lesquels Juan Carlos entend bien passer du temps à gagner (petit) et un nombre impressionnant de théâtres dans lesquels se produisent une quantité impressionnante d’artistes sur le retour et de starlettes à la célébrité naissante. Mais la vie de Carlos Paz, rythmée par les spectacles kitsch et les horaires des bus de retraités, tout comme la lune de miel de Perla et Juan Carlos vont être perturbés par une série de meurtres d’actrices dont le caractère paranormal va rapidement se révéler.
On serait une fois encore bien en peine de résumer le roman de Leandro Ávalos Blacha sans le recopier du début à la fin tant les situations s’enchaînent sans répit et d’une manière souvent aussi inattendue qu’échevelée. On se contentera donc de dire qu’entre entités extraterrestres, médiums retraités, enfants possédés, bonnes sœurs cannibales et flics dépassés, l’auteur continue de jouer avec les codes de la pop culture version série Z dans un joyeux défouloir. Car il y a encore et toujours beaucoup d’humour dans les livres de Leandro Ávalos Blacha pour mieux pointer les travers d’une société obsédée par l’argent et les apparences. Un humour et une énergie qui peuvent parfois il est vrai virer au joyeux foutoir mais qui permettent de faire accepter sans trop broncher quelques faiblesses du récit – je ne suis d’ailleurs pas certain d’avoir tout compris à la fin.
Agréablement cruel et enlevé, Malicia est donc un excellent défouloir dans lequel on se plaît à se laisser entraîner comme on plonge, avec une certaine délectation, dans un Invasion Los Angeles de John Carpenter, un film d’Álex de la Iglesia ou une série Z de chez Troma.
Leandro Ávalos Blacha, Malicia (Malicia, 2016), Asphalte, 2016. Traduit par Hélène Serrano. 198 p.
Du même auteur sur ce blog : Berrazachussets ; Côté cour ;