CAT 215, d’Antonin Varenne
Plus nouvelle que novela, CAT 215 démontre une fois de plus le talent d’Antonin Varenne pour poser une ambiance. On avait récemment été impressionné par sa description de Londres au moment de la Grande Puanteur ou de l’arrivée d’une tempête dans le delta de l’Irrawaddy dans 3000 chevaux vapeur, et par sa manière de rendre l’atmosphère de la forêt creusoise dans Battues. On l’est une fois de plus avec cette excursion en Guyane.
C’est là-bas, en pleine jungle, que doit se rendre Marc, diéséliste, qu’un ami impliqué dans le trafic d’or en Amazonie a appelé en urgence. Il s’agit d’aller réparer une pelleteuse échouée dans la forêt tropicale et gardée par un ancien légionnaire alcoolique et paranoïaque et un brésilien taiseux et vaguement inquiétant afin qu’elle puisse rallier un camp d’orpaillage clandestin avant que les autorités ne mettent la main dessus.
En l’espace de 96 courtes pages, Antonin Varenne fait goûter le lecteur à l’humidité étouffante, à la chaleur accablante, à l’immensité vertigineuse de la forêt et à l’isolement de ces trois hommes réunis autour d’une machine imposante et pourtant ridiculement petit au milieu de cet enfer vert qui pourrait n’en faire qu’une bouchée. L’aventure du début devient vite huis-clos et les tensions entre les personnages s’exacerbent. Entre la folie de Joseph le légionnaire, le mutisme d’Alfonso et un Marc partagé entre sa crainte de ne pas pouvoir sortir de là et son désir de se fondre dans la jungle qui le fascine, Antonin Varenne livre un texte captivant.
Bref de quoi passer une petite heure de très bonne lecture pour ceux que le prix de ce petit ouvrage ne rebutera pas.
Antonin Varenne, CAT 215, La Manufacture de Livres, coll. Territòri, 2016. 96 p.
Du même auteur sur ce blog : Fakirs ; 3000 chevaux vapeur ; Le mur, le Kabyle et le marin ; Battues ; Équateur ;