Équateur, d’Antonin Varenne

Publié le par Yan

Il y a trois ans de cela, avec Trois mille chevaux vapeur, Antonin Varenne s’imposait comme une grande plume du roman d’aventure français. Sans constituer une suite à proprement parler – c’est-à-dire que ce roman peut se lire indépendamment – Équateur reprend un personnage croisé dans Trois mille chevaux vapeur. Pete Ferguson est un des deux déserteurs hébergés par Arthur Bowman ; poursuivi par la justice après la mort d’un homme, il fuit. En ces années 1870, il croise la route des derniers chasseurs de bisons tels que ceux décrits par Frank Mayer, de comancheros et autres brigands de la frontière, des révolutionnaires guatémaltèque, une communauté amazonienne et des bagnards évadés alors qu’il fait route vers un équateur fantasmé. Et sans doute, en fin de compte, Pete Ferguson fuit-il pour mieux se retrouver.

Plus ramassé, moins ample que Trois mille chevaux vapeur, Équateur est un nouveau roman d’aventures de qualité dans lequel Antonin Varenne offre une fois encore une belle réflexion sur l’identité et sur la façon dont se forge le monde contemporain avec tout ce que cela porte de mauvais augures mais aussi d’espoirs.

Certainement plus cohérent dans son ensemble que le précédent roman d’aventures de l’auteur qui nous menait de la Birmanie au Far West en passant par Londres avec des transitions parfois un peu forcées, Équateur souffre par contre à certains moments de sa relative concision. Après le souffle épique de la chasse aux bisons dans les Plaines et de la fuite qui s’ensuit, l’arrivée au Guatemala se fait plus lente, peut-être un peu trop tournée vers la démonstration politique, louable, certes, mais qui coupe le rythme du récit avant de passer rapidement à autre chose qui nécessite de la part de l’auteur de relancer la machine. Celle-ci, d’ailleurs, repart on ne peut mieux en abordant l’Amazonie qu’Antonin Varenne décrit si bien, ainsi qu’il l’a déjà montré par ailleurs il y a quelques mois dans CAT 215, et où Pete Ferguson est mis à rude épreuve. Là, y compris dans les scènes qui relèvent pas de l’action pure – on pense notamment à ces formidables pages consacrées au tatouage de Ferguson – Varenne retrouve le souffle épique et une manière de dire le monde qui, si elle est moins démonstrative que dans la partie guatémaltèque du récit, n’en est pas moins forte.

Tout cela donne en fin de compte un roman d’aventures qui pour être certainement moins surprenant que le précédent – il faut dire que la surprise avait alors été grande et réjouissante et qu’il était dès lors bien difficile d’étonner le lecteur – n’en demeure pas moins une lecture agréable, un livre qui excite l’imagination sans sacrifier le fond.

Antoni Varenne, Équateur, Albin Michel, 2017. 341 p.

Du même auteur sur ce blog : Fakirs ; Le mur, le Kabyle et le marin ; Battues ; Trois mille chevaux vapeurs ; CAT 215 ;

Publié dans Western et aventures

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