De chair et d’os, de Dolores Redondo

Publié le par Yan

Deuxième volet d’une trilogie annoncée, De chair et d’os, après Le gardien invisible, entraîne de nouveau le lecteur dans la vallée navarraise de Baztán. L’inspectrice de la police forale de Navarre Amaia Salazar se trouve une fois encore confrontée à une série de meurtres dont l’auteur semble puiser dans le folklore local. Après le Basajaun, ce gardien invisible de la forêt, c’est au tour du Tartaro, cyclope anthropophage, d’occuper le devant de la scène dans ces crimes commis par des époux ou concubins violents à l’encontre de leurs compagnes avant de se suicider.

Le deuxième roman de la série initiée par Dolores Redondo a les qualités du précédent et en particulier cette capacité de l’auteur à instiller le fantastique dans son récit de façon à semer le doute, à éveiller une certaine appréhension chez le lecteur, sans pour autant se montrer inutilement démonstrative. À ce titre, les descriptions d’une nature encore sauvage mais baignée de mystère, bien que plus rares que dans Le gardien invisible, sont particulièrement réussies. De la même manière, la façon de continuer à faire courir le fil de l’histoire familiale d’Amaia Salazar est relativement bien menée.

Mais – car il y a un mais – les faiblesses que pouvait laisser entrevoir le premier volet deviennent ici plus patentes. Une intrigue qui se trouve à la fois bien tirée par les cheveux et dont a parfois l’impression de l’avoir déjà lue ou vue un certains nombre de fois dans d’autres livres ou films, de longues considérations sur la maternité d’Amaia Salazar et ses états d’âme vis-à-vis de son mari qui commencent à lasser, et des tas de pistes ouvertes puis aussitôt oubliées qui, même si l’on se doute qu’elles serviront à conclure le cycle dans le prochain volume, finissent par rendre parfois la lecture fastidieuse.

Situé dans un assez inconfortable entre-deux, coincé entre un beau et étonnant premier volet et un troisième qui clôturera l’histoire d’Amaia Salazar, De chair et d’os se trouve doté d’une intrigue bien mince qui semble surtout servir à tenir un peu le lecteur le temps de mettre en place les éléments nécessaires à la conclusion annoncée de la trilogie. Difficile dans ce cas-là de livrer un roman solide.

Cela donne en fin de compte un livre qui, s’il se lit sans déplaisir et offre même de beaux passages, peine à retrouver le souffle du précédent roman de Dolores Redondo et, bien entendu, ne peut bénéficier du même effet de surprise. Même si on l’attend avec quelque appréhension car les éléments disséminés ici peuvent faire craindre à un ultime dénouement cousu de fil blanc, il faudra juger le tout après la parution du dernier volet de la trilogie de Baztán.

Dolores Redondo, De chair et d’os (Legado en los huesos, 2013), Mercure Noir, 2015. Traduit par Anne Plantagenet.

Du même auteur sur ce blog : Le gardien invisible ;

Publié dans Noir espagnol

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arrivés presqu'à la 200ème page, d'enquête policière point, par contre les névroses d'Amaia ,ses colères ,ses caprices la rendent bien antipathique ce qu'elle est pour ses proches-sauf son mari-pour combien de temps?-et sa vielle tante . Ca fait long, on croyait à la fin du bouquin précédent qu'elle allait ...ben non
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Y
Oui, c'est longuet...