L’arc-en-ciel de verre, James Lee Burke
Dix-huitième volet des enquêtes de Dave Robicheaux, L’arc-en-ciel de verre voit le retour à New Iberia, après une excursion dans le Montana, du flic cajun.
C’est sans surprise que l’on retrouve Dave et son ami Clete Purcell aux prises avec, une fois encore, une vieille et riche famille de la région et quelques truands psychopathes qui ont débarqué dans la ville. Lancé dans une enquête sur des meurtres de jeunes filles dans laquelle il est d’autant plus impliqué que sa fille, Alafair, fréquente l’un des suspects et que Clete est soupçonné d’en avoir tué un autre, Dave dont l’opiniâtreté confine à l’entêtement, met une nouvelle fois les doigts dans un panier de crabes.
James Lee Burke tourne-t-il en rond ? C’est en gros ce que l’on peut se demander depuis le début des aventures de Dave Robicheaux tant chaque nouveau volet présente des similitudes avec les précédents. Invariablement, le héros et son acolyte se trouvent confrontés à des familles bien implantées dans la région (vieille famille de propriétaires terriens ou famille mafieuse, voire les deux) et/ou à des criminels psychopathes de passage. Toujours invariablement, l’enquête a tôt fait de passer au second plan pour laisser la place aux tourments intérieurs d’un Dave Robicheaux décidé à aller jusqu’au bout de sa mission malgré les mises en garde (de son chef, de sa famille et de ses adversaires) et sa propre conscience des limites morales et légales avec lesquelles il flirte.
Mais si James Lee Burke tourne en rond, c’est justement ça qui fait le charme de ses écrits. Car on désire toujours ardemment retrouver ces personnages hantés par un mal qui semble enraciné dans cette terre de Louisiane depuis le temps de l’esclavage, qui y a trouvé un nouveau point d’accroche au moment de la guerre de sécession et qui prend aujourd’hui de nouveaux visages sans pour autant changer fondamentalement. C’est cela que nous montre James Lee Burke dans ses romans où le passé cohabite constamment avec le présent et où la nature, décrite avec sensibilité et finesse, peut s’avérer aussi belle que dangereuse, sauvage malgré la présence de la main de l’homme dont les saccages qu’il lui fait pourtant subir ne réussissent pas à la dompter.
Tous ces éléments sont donc encore présents dans L’arc-en-ciel de verre, et Dave Robicheaux demeure un homme révolté. Héros vieillissant mais pas résigné et toujours porté par un profond sentiment de révolte à l’égard d’une société inégalitaire dont il sait qu’il ne la changera pas mais dont, pas plus que ceux qu’il combat, il ne se sent pas pour autant obligé d’accepter les règles : « Le système truque les dés en faveur de ceux qui ont l’argent et le pouvoir, et celui qui croit le contraire mérite tout ce qui peut lui arriver. »
Moraliste mais pas moralisateur, James Lee Burke démontre une nouvelle fois avec ce beau roman qu’il est une plume majeure de la littérature américaine contemporaine, alliant la beauté de l’écriture à la description sans illusions, mais pourtant pas dénuée d’empathie, des mœurs de ses contemporains.
James Lee Burke, L'arc-en-ciel de verre (The Glass Rainbow, 2010), Rivages/Thriller, 2013. Traduit par Christophe Mercier.
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