Des stupéfiants, du surf et de la physique quantique : le théorème de Weisbecker
Allan C. Weisbecker est un auteur rare. Trois livres en un peu plus de vingt ans, dont deux traduits en France : Cosmix Banditos et À la recherche du Capitaine Zéro. Deux ouvrages bien différents mais complémentaires.
Commençons par le premier, Cosmix Banditos. Recherché par plusieurs agences gouvernementales nord et sud-américaines pour trafic d’armes et de drogues et sans doute d’autres crimes et délits, le héros vit dans la jungle colombienne avec son chien et un serpent amateur d’armes à feu. Il s’est aussi lié d’amitié avec José, un bandito local.
Sa vie change le jour où José, après une expédition avec ses collègues, lui ramène le fruit de l’agression d’une famille américaine dépouillée à l’aéroport : les cartes postales des enfants, un appareil photo sans pellicule et des livres sur la physique quantique. Dès lors, notre héros va entreprendre deux missions : avertir de son infidélité les différents petits amis auxquels la fille adolescente de la famille avait prévu de poster ses cartes, et se remémorer son histoire personnelle à la lumière de la physique quantique. Ce dernier objectif nécessitant d’ailleurs d’approfondir le sujet et donc, entre autres, d’attaquer à l’arme lourde une bibliothèque universitaire.
Voilà un livre complètement déjanté, surprenant, inclassable et hilarant. À lire d’urgence donc. Et peut-être à voir bientôt puisque John Cusack aurait prévu de l’adapter au cinéma.
Avec À la recherche du Capitaine Zéro, Allan C. Weisbecker aborde un tout autre style, mêlant surf-trip et autobiographie. Le héros de Cosmix Banditos, parlait à la première personne. On comprend dans le Capitaine Zéro, que ce héros était en fait un Weisbecker à peine romancé. Après avoir reçu une mystérieuse carte postale, Weisbecker, accompagné de son chien, quitte Montauk, dans l’État de New York. Au volant de son vieux camping-car, il part pour l’Amérique centrale à la recherche de son vieux complice, Christopher, dit Capitaine Zéro, ami d’enfance, de surf et d’aventures de jeunesse sur fond de trafic de marijuana, disparu corps et biens depuis des années.
Ce voyage sera pour Weisbecker l’occasion de revenir sur son tumultueux passé et, au gré des rencontres, bonnes ou mauvaises, de se laisser séduire lui-aussi peut-être par l’idée de disparaître ici.
Le changement de style, après Cosmix banditos, est donc radical. Certes, l’humour est toujours présent mais il est aussi bien plus discret. Weisbecker nous livre finalement un ouvrage émouvant, parfois contemplatif, d’autres fois nostalgique ou à l’ironie piquante. Un beau livre, avec quelques belles photographies, sur l’Amérique centrale, le surf et l’amitié.
Allan C. Weisbecker, Cosmix Banditos, Gallimard, Série Noire, 1992. Réed. Gallimard, Folio Policier, 1999. Traduit par Richard Matas.
Allan C. Weisbecker, À la recherche du Capitaine Zéro, Éditions Inverse, 2006. Traduit par Mathieu Ros. Un livre presque introuvable. Heureusement, l’éditeur le vend aussi en ligne : http://www.editions-inverse.fr/indexlivres03cz.html