Lune noire, d’Anthony Neil Smith

Publié le par Yan

Premier volume d’une série annoncée, Lune noire est un roman bien débile comme on les aime.

Que l’on en juge à son histoire. Billy Lafitte était flic à Gulfport, Mississippi, quand Katrina a frappé la côte du Golfe du Mexique et il a mis beaucoup de cœur à aider ses concitoyens. Le problème, c’est qu’il l’a fait contre de menus dédommagements en espèces sonnantes et trébuchantes, ce qui lui a valu de se faire virer par son employeur et par sa femme. Grâce ou à cause de son beau-frère, il a fini par échouer dans la police municipale de Yellow Medicine, un patelin du Minnesota où il chasse désormais les excès de vitesse, les dealers de meth et les ivrognes en rêvant de soleil et de boudin cajun.

Manque de chance, c’est aussi là, pour des raisons pas très évidentes, que des terroristes particulièrement mauvais – dans tous les sens du terme – ont décidé de lancer une offensive. Croyant bêtement aider le petit ami de sa maîtresse occasionnelle, Billy, se retrouve vite avec sur le dos le FBI et une bande d’islamistes radicaux inspirés par les pires cartels mexicains pour ce qui est des avertissements à envoyer à leurs ennemis.

On n’ira peut-être pas jusqu’à dire qu’il s’agit là du roman de l’année – ni même du trimestre – mais il est indéniable que dans le genre violent, foutraque et marrant, Lune noire se pose là. Pas un des personnages d’Anthony Neil Smith n’est là pour rattraper l’autre. Veules, lâches, corrompus, bêtes à manger du foin, manipulateurs, ils sont au mieux attendrissants dans leur bêtise ou leur propension à croire qu’ils peuvent s’en sortir malgré tout. Quant à l’intrigue, particulièrement tirée par les cheveux, elle est surtout prétexte à des scènes hallucinantes, à des dialogues ou des monologues du héros percutants et confits de mauvais esprit.

Porté par cette histoire menée tambour battant, ce roman est donc un parfait exutoire, un défouloir pour l’auteur, sans doute, mais aussi pour le lecteur s’il a l’esprit assez mal placé. Ça n’est sûrement pas rien pour Anthony Neil Smith que d’arriver à maintenir son livre sur cette crête étroite de laquelle il pourrait aisément basculer dans le plus total et lassant n’importe quoi. On attend maintenant de voir ce que nous réserve la suite.

Anthony Neil Smith, Lune noire (Yellow Medicine, 2008), Sonatine, 2019. Traduit par Fabrice Pointeau. 294 p.

Publié dans Noir américain

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