Retour en vie de Quais du Polar
Être blogueur, c'est aussi savoir se mettre en danger. En un peu plus de 24 heures d'immersion aux Quais du Polar, nous auront eu mille occasions de flirter avec la faucheuse.
Cela a commencé dès notre arrivée. Alors que nous venions juste de repérer François Médéline, avec qui nous avions rendez-vous à l'occasion d'une rencontre dans la vraie vie de certains membres du groupuscule d'activistes indélicats Fanas du Polar, nous manquâmes nous faire proprement piétiner. Car oui, 60 000 visiteurs dans le week-end, ce sont aussi pas loin 120 000 jambes dont une bonne partie s'est précipitée dans notre direction pendant sa poursuite de l'immense (près de deux mètres, facile) Harlan Coben qui avait eu la mauvaise idée de cirer son crâne qui brillait comme une balise de sauvetage alors qu'il fendait la foule hystérique.
Une catastrophe heureusement évitée de justesse mais qui imposait une longue pause repas pour s'en remettre avec les amis qui avaient aussi échappés au carnage : les libraires Sébastien Wespiser et Vincent Ladoucette, le journaliste et blogueur lui aussi en immersion totale Christophe Laurent, l'écrivain sociopathe François Médéline et une éditrice dont nous tairons le nom afin de préserver une réputation que pourrait entâcher la fréquentation de ligues en délicatesse avec les milieux autorisés du polar.
Après cela, rencontre avec un Sam Millar tellement timide et sympathique qu'on en oublie de se moquer de son braquage raté (bon, d'accord, parce qu'il fait un peu peur, aussi), puis avec les amis de 813, les Fondus au Noir nantais et l'éditeur de La Manufacture de Livres Pierre Fourniaud jamais à court d'anecdotes sur les repris de justices qu'il édite.
Tout a basculé pendant l'apéro, au moment de rejoindre la péniche où était organisée la soirée des éditions Points. Tous les voyants étaient au rouge : alcool à volonté, auteurs fatigués par d'épuisantes journées de dédicaces et résolus à oublier en buvant qu'ils avaient signés des dizaines d'exemplaires à des curieux qui ne liraient jamais leurs livres, et parasites (blogueurs, donc, mais aussi journalistes corses, libraires en rupture de bans et jeunes auteurs pas encore au fait des conventions qui veulent que l'on ne parle pas de ses - ou son - testicule(s) en public) bien décidés à profiter de la gratuité du bar jusqu'aux petites heures du matin. L'occasion, dans un contexte (très) détendu de taper la causette avec le féru de cinéma et très ouvert Jérémie Guez ou avec un Marin Ledun chaud-bouillant pour écumer le dancefloor.
C'est dire si aux petites heures du matin, alors qu'ouvraient les portes du Palais du commerce, le café était le bienvenu dans les mains tremblotantes de tout ce petit monde prêt à affronter une nouvelle fois une foule venue en masse se régaler de conférences et de rencontres même si, comme le regrettaient certains "ce serait bien qu'il y ait autant de monde pour la vraie littérature".
C'est sûr, on reviendra.