Il était une fois au Mexique… La griffe du chien, de Don Winslow

Publié le par Yan

 la-griffe-du-chien.jpg Agent de la DEA, l’agence américaine chargée de la lutte contre le trafic de drogue, Art Keller est affecté depuis 25 ans à la lutte contre les narcotrafiquants mexicains et notamment des frères Barrera dont il a involontairement contribué à l’ascension en tant que dirigeants d’un des plus puissants cartels.

Difficile de résumer les plus de 800 pages du chef-d’œuvre – n’ayons pas peur des mots – de Don Winslow. Ce que nous propose l’écrivain américain, c’est pas moins de 25 ans (de 1975 à 2000) d’histoire du trafic de drogue entre le Mexique et les États-Unis à travers le regard d’un agent de la DEA, d’un chef de cartel, d’un ambitieux gangster américain d’origine irlandaise, d’une prostituée, d’un prêtre mexicain, de mafieux italo-américains, d’agents de la CIA...

On a déjà dit par ailleurs, à propos de Savages ou de La patrouille de l’aube, combien Don Winslow sait donner un rythme trépidant à ses romans et accrocher le lecteur. Cette qualité est poussée à l’extrême dans La griffe du chien, et Winslow réussit l’exploit de multiplier les points de vue et les allers-retours entre les époques sans jamais perdre le lecteur ni faire baisser son intérêt, et sans que jamais le rythme ne faiblisse.

Certes le roman est extrêmement documenté et nous donne à voir des pages entières de l’histoire du Mexique et des États-Unis, de la politique d’endiguement du communisme par le soutien américain aux contras et aux trafiquants, à la mise en place de l’Accord de Libre Échange Nord Américain (ALENA), en passant par le tremblement de terre de Mexico et la montée de l’influence de l’Opus Dei au Mexique, mais c’est aussi – et surtout – une immense fresque romanesque au souffle épique incroyable.

Une œuvre imposante avec des personnages attachants et profondément humains. Pas de ces héros extraordinaires que l’on trouve souvent dans la littérature, mais des personnes pour lesquelles la frontière entre le bien et le mal est bien ténue et qui basculeront d’un côté ou de l’autre, parfois – souvent – des deux côtés, selon les époques et les circonstances.

Unanimement salué, La griffe du chien est d’ores et déjà devenu un classique du roman noir et même du roman tout court. C’est sans doute le livre le plus impressionnant que j’ai pu lire ces dernières années. Un chef-d’œuvre donc.

Une interview de Don Winslow qui porte en grande partie sur La griffe du chien ici.

Don Winslow, La griffe du chien, Fayard Noir, 2007. Rééd. Points Policier, 2008. Traduit par Freddy Michalski.

Du même auteur sur ce blog : La patrouille de l'aube ; Savages ; Satori ; L'heure des gentlemen ; Cool ; Dernier verre à Manhattan ; Cartel ; Corruption La Frontière ;

Publié dans Noir américain

Commenter cet article