Les lois du ciel, de Grégoire Courtois
L’Yonne n’a pas seulement Émile Louis, elle a aussi Grégoire Courtois. Ou plutôt le petit Enzo qui, avec sa classe de CP est parti faire une sortie de deux jours en forêt dans le Morvan.
Il y a là Nathan, Lilou, Hugo, Jade, Louis, Océane, Yasmine, Emma, Raphaël, Mathis et Lucas, les petits camarades d’Enzo, et aussi Fred, l’instituteur donneur de leçons et deux mamans, Nathalie et Sandra. La première n’est pas dans son assiette, la seconde se demande dès la fin du trajet aller si elle va le rester : « Le bus s’était immobilisé et les clameurs des enfants avaient envahi l’habitacle en une infernale cacophonie qui s’était directement invitée sous le crâne de Sandra Rémy, yeux écarquillés, terrifiée à l’idée que le séjour n’était même pas commencé et qu’elle éprouvait déjà le furieux désir de hurler et de frapper au hasard l’un de ces petits démons enragés. »
Il y a en fait surtout un petit démon. Je vous le mets dans le mille, c’est Enzo. Pas une petite fripouille, un vrai psychopathe de six ans. On est donc parti pour un séjour en forêt quelque part entre Délivrance et une vidéo de L214. Ce que ne nous a jamais appris Bear Grylls dans Man vs Wild, c’est que si la nature est violente, les enfants le sont aussi et qu’ils peuvent ajouter la cruauté à la violence. Enfin, surtout Enzo.
Les lois du ciel est donc un véritable jeu de massacre. Il ne fallait pas punir Enzo. Fred va en faire le premier les frais, mais les autres vont suivre. S’ensuit une nuit d’horreur et de poursuite à travers une forêt obscure, mais un peu moins tout de même que le cœur d’Enzo. Entre un petit tueur et une nature inhospitalière, les onze gamins et leurs accompagnateurs vont passer une classe verte d’autant plus inoubliable qu’elle sera la dernière pour beaucoup d’entre eux.
Violent et cruel, donc, mais aussi, d’une certaine manière, jubilatoire, ce roman horrifique de Grégoire Courtois a tout d’un livre à glisser dans la liste de fournitures pour la rentrée des classes.
Grégoire Courtois, Les lois du ciel, Le Quartanier, 2016. Rééd. Folio Policier, 2018. 198 p.