Rétrospective Parker (17) : Les citrons ne mentent jamais (une aventure de Grofield)

Publié le par Yan

citrons.jpgDernière des aventures de Grofield, Les citrons ne mentent jamais marque une certaine rupture avec les romans précédents de cette série dérivée des romans de Richard Stark consacrés à Parker. Après trois romans divertissants sans être vraiment complètement réussis et essentiellement basés sur des intrigues flirtant avec l’espionnage et la géopolitique plus ou moins imaginaire de Stark/Westlake, l’auteur laisse place à une histoire classique de braquage, de trahison et de vengeance bien plus dans la veine des aventures de Parker.

Remis de ces pérégrinations dans le Grand Nord (voir  L’oiseau noir), Grofield atterrit à Las Vegas pour participer à la préparation d’un braquage initié par un certain Myers. Très vite le braqueur-comédien s’aperçoit de l’inanité du plan de Myers et se retire entraînant à sa suite les autres participants potentiels.  Myers ne l’entend pas de cette oreille qui, quelques temps après, va tenter de se venger de ceux qui lui ont fait faux bond. Occupé par un autre coup, Grofield va devoir jouer serrer et, peut-être, faire fi de son tempérament résolument pacifique pour se défaire de cet encombrant parasite.

Cet ultime volet des aventures de Grofield, marqué donc par un retour au pur roman de braquage est aussi sans aucun doute le meilleur de la série. En plaçant Grofield dans des situations qui l’obligent à aller contre sa nature pour pouvoir avancer, Richard Stark donne à son personnage l’épaisseur qui lui manquait jusqu’alors et qui en faisait un héros amusant, certes, mais peu attachant et parfois un brin insipide. On voit sans doute aussi apparaître là un peu plus clairement, en filigrane, une ébauche noire de Dortmunder que l’on avait déjà pu un peu deviner par certains aspects dans  La demoiselle et  La dame.

Quant à l’intrigue elle-même, touffue, elle s’avère aussi particulièrement bien rythmée et arrive à doser intelligemment quelques traits d’humour, suspense et ce « procedural » du braquage dans lequel Stark est passé maître. 

En clair, c’est un beau baroud d’honneur, un enterrement de première classe qu’offre Richard Stark à Alan Grofield. Si vous ne devez lire qu’une seule de ses aventures, c’est bien celle-ci.

Richard Stark, Les citrons ne mentent jamais (Lemons never lie, 1971),Gallimard, Série Noire, 1971. Traduit par D. May.

Du même auteur sur ce blog : Comme une fleur ; Peau neuve ; Pour l’amour de l’or ; La clique ; En coupe réglée ; Rien dans le coffre ; Sous pression ; Le septième homme ; Travail aux pièces ; La demoiselle ; Le divan indiscret ; Blanc-bleu noir ; La dame ; Un petit coup de vinaigre ; L'oiseau noir ;  Planque à Luna-Park ; Le défoncé ; Portraits gratis ; Signé Parker ; Comeback ; Backflash ; Flashfire ; Firebreak ; Breakout ; À bout de course! ; Demandez au perroquet ; Argent sale.

 

Publié dans Noir américain

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J
Oui, une pure structure à la Parker -braquage, comparse incontrôlable, femme en danger, final dans une maison isolée... Mais avec Grofield qui, comme vous le signalez, tient plus de Dortmunder que de Parker. Et des longueurs, comme si Stark tirait à la ligne. Pourtant, les deux Parker qui encadrent ce volume sont excellents. Stark a fini par se rendre à l'évidence : adieu Grofield !
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Y
Oui, Grofield en a fait les frais. Je l'aimais bien quand même. Mais j'aurais préféré le voir chez Westlake, en effet.