Rétrospective Parker (28) : Argent sale, de Richard Stark

Publié le par Yan

argentsaleDernier volet d’un triptyque (À bout de course , Demandez au perroquet, Argent sale), qui voit Parker courir après un magot impossible à écouler et chercher à échapper à la police et à ceux qui voudraient aussi mettre la main sur son butin, Argent sale est par ailleurs l’ultime aventure de Parker, parue en 2008, quelques mois avant la mort de son auteur.

Pour mémoire, dans les deux épisodes précédents, Parker, sorti de prison, se lançait dans l’attaque d’un fourgon blindé dont il s’avérait que le butin était composé de billets marqués. Non seulement impossibles à écoulés, les billets en question mettaient la police sur les traces des braqueurs et entrainaient même l’arrestation de l’un d’eux. Traqué, Parker trouvait refuge chez un étrange ermite avec lequel il finissait par planifier l’attaque d’un champ de courses. Dans Argent sale, Parker décide de récupérer le butin abandonné dans une église malgré l’important dispositif policier mis en place. Aidé par sa compagne, Claire, par Mc Whitney, son complice lors de l’attaque du fourgon, et par Sandra, chasseuse de primes qui a basculé de son côté, Parker va donc jouer une dernière fois de ses talents de planificateur et de sa capacité à improviser face aux imprévues qui vont s’enchaîner et les mettre lui et Claire en danger.

On avait déjà dit combien le monolithique Parker laissait poindre dans ses dernières aventures des facettes de personnalité qui, en quelque sorte, l’humanisaient. Dépassé dans  À bout de course et esseulé et clairement vieillissant dans Demandez au perroquet, il révèle ici plus qu’ailleurs son attachement à Claire et lie ce qui ressemble à un véritable début d’amitié avec la jeune et intraitable Sandra avec laquelle il entretient une relation fondée sur un respect mutuel et une véritable complicité qui s’instaure au fur et à mesure qu’avance l’intrigue. Solitaire, laissant sa compagne à l’abri et à l’écart, rude et décidée, la chasseuse de primes apparait comme un double jeune et féminin de Parker, peut-être celle qui pourrait reprendre le flambeau. C’est en tout cas elle qui va permettre à Parker de sortir de certaines situations délicates. Elle, mais aussi la fidèle Claire qui démontre une fois de plus – et sans doute plus que d’habitude, d’ailleurs – son caractère tenace et son sang-froid.

Aidé de ces deux femmes fortes, Parker semble retrouver une deuxième jeunesse. Et là où on l’avait abandonné essoufflé, on le retrouve à l’initiative, toujours impitoyable et dénué de sentiments lorsqu’il s’agit de régler définitivement leur compte à ceux qui lui mettent des bâtons dans les roues.

Pour cet ultime tour de piste, Richard Stark nous gratifie de l’un des meilleurs volets de la série consacrée à Parker. Mené tambour battant, bourré de chausse-trappes mais aussi, dans un sens plus léger grâce à la présence rafraîchissante de Sandra et à quelques dialogues et situations bien sentis qui, comme dans les deux précédents volumes, ne sont pas sans rappeler parfois Elmore Leonard, Argent sale conclu donc – même s’il s’agit d’un coup du sort – magistralement les aventures de Parker. Mais il nous manquera quand même…

Richard Stark, Argent sale (Dirty Money, 2008), Rivages/Thriller, 2013. Traduit par Élie Robert-Nicoud.

Du même auteur sur ce blog : Comme une fleur ; Peau neuve ; Pour l’amour de l’or ; La clique ; En coupe réglée ; Rien dans le coffre ; Sous pression ; Le septième homme ; Travail aux pièces ; La demoiselle ; Le divan indiscret ; Blanc-bleu noir ; La dame ; Un petit coup de vinaigre ; L'oiseau noir ; Planque à Luna-Park ; Les citrons ne mentent jamais ; Le défoncé ; Portraits gratis ; Signé Parker ; Comeback ; Backflash ; Flashfire ; Firebreak ; Breakout ; À bout de course! ;  Demandez au perroquet.

Publié dans Noir américain

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