Rétrospective Parker (26) : À bout de course !
Un roman qui porte presque bien son titre, puisqu’il s’agit de l’antépénultième volume des aventures de Parker.
Un Parker qui commence à fatiguer et qui semble attirer de plus en plus les ennuis. Après un coup avorté avant même qui quiconque ait vraiment pu en parler car un des participants portait un micro lors de leur première réunion, Parker se retrouve sur un plan foireux : attaquer un fourgon blindé lors du déménagement d’une banque. Un braquage apporté une fois de plus par un amateur. Un amateur qui plus est en liberté conditionnelle, ancien employé et amant de l’épouse du directeur de la banque. De quoi orienter assez vite les soupçons de la police. Ajoutons à ce bras cassé un chasseur de prime qui voudrait mettre la main sur l’homme au micro et une policière qui a du flair et tous les ingrédients pour une catastrophe annoncée se trouvent réunis.
Voilà un épisode à part dans la série, où l’on voit plus que de coutume un Parker courir consciemment au devant des ennuis dans une affaire dont il sent dès le début qu’il ne pourra la maîtriser complètement. Sans être passif – il se démène et joue de son ingéniosité et de celle de ses complices pour tenter de redresser la barre – Parker semble toutefois plus subir que mener la barre, là où, auparavant, il réussissait toujours par la force de son engagement à renverser des situations défavorables.
Parker retrouve dans À bout de course ! le rang d’humain. Et le roman marque une vraie rupture en ce qu’il nous montre un Parker vieilli, dépassé par la vitesse à laquelle le monde avance. Et si, en fin de compte, l’échec probable de ce braquage ne venait pas des multiples éléments perturbateurs lâchés par Richard Stark dans son intrigue, mais plutôt du fait que Parker n’est plus qu’un archaïsme, un truand à l’ancienne comptant sur quelques faux papiers et des cabines téléphoniques pour monter un coup, dans un monde où les failles dans lesquelles s’engouffrer sont de plus en plus étroites ?
Épisode crépusculaire de la série qui abandonne le lecteur en le laissant un peu sur sa faim en compagnie d’un Parker seul et traqué, À bout de course ! apporte paradoxalement, par cette rupture, du sang neuf à la série sans pour autant délaisser l’action, une intrigue au cordeau et des dialogues ciselés qui ne sont d’ailleurs pas sans rappeler parfois Elmore Leonard.
Richard Stark, À bout de course ! (Nobody runs forever, 2004), Rivages/Thriller, 2009. Traduit par Marie-Caroline Aubert.
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