Un polar norvégien oui, mais en Australie : L’homme chauve-souris, de Jo Nesbø
J’ai donc finalement cédé à la vogue du polar nordique. Acte manqué ? Les deux polars scandinaves que j’ai lus ces derniers temps se déroulent pour l’un (La photo de Lime, de Leif Davidsen) en Espagne et en Allemagne, et pour l’autre, dont il sera question ici, en Australie. C’est donc une douce entrée en matière pour moi, et sans doute un peu biaisée.
Le meurtre sauvage d’une ressortissante norvégienne à Sydney donne l’occasion à sa hiérarchie de se débarrasser provisoirement de l’inspecteur Harry Hole en l’envoyant enquêter aux antipodes. Là, il est chaperonné par un policier local aborigène, Andrew Kensington, homme attachant à l’histoire mouvementée qui va l’aider à encaisser le véritable choc des cultures auquel il est confronté.
Harry Hole, à la recherche du meurtrier mais sans doute aussi de lui-même, plonge peu à peu dans une enquête où les apparences peuvent être trompeuses et à laquelle il va se dévouer corps et âme. Pour le meilleur ou pour le pire.
En quelques pages Jo Nesbø m’a embringué dans son roman. Pourquoi ? Comment ? J’ai un peu du mal à le dire… Le rythme est au début assez lent, mais l’arrivée de Hole en Australie est amusante et, surtout, sa découverte de la culture locale et les réponses que lui apportent Kensington sont captivantes. À tel point que l’enquête semble passer au second plan. Ça n’est en fait qu’une illusion : comme un feu d’orage elle couve pour mieux ressurgir dans la dernière partie du livre où tout s’accélère.
Ajoutons à cela le personnage d’Harry Hole, dont L’homme chauve-souris inaugure les aventures. Partant des poncifs du genre – enquêteur au passé trouble, alcoolique, peu porté sur le règlement – Nesbø nous dresse finalement un portrait tout en nuance de son héros et lui donne une épaisseur qui le rend d’autant plus attachant qu’il a de surcroît des intuitions fausses et une propension certaine à se faire casser la gueule quand il essaie d’user de la menace sur certains témoins. Bref, un héros qui nous ressemble, pas un super-héros à qui rien ne résiste.
Et voilà donc un excellent polar, tout en finesse, bien écrit et bien documenté, qui donne envie de suivre Harry Hole dans d’autres enquêtes.
Jo Nesbø, L’homme chauve-souris, Gaïa, 2003. Rééd. Folio Policier, 2005. Traduit par Élisabeth Tangen et Alexis Fouillet.
Du même auteur sur ce blog : Les cafards ; Le léopard ; Fantôme ;